The Walking Dead : Les saisons, de la pire à la meilleure [TOP]

Des saisons, peut-être trop, et un classement.
Bien avant de s’élargir avec ses multiples spin-offs télévisés et ses jeux vidéo, The Walking Dead se présentait comme l’adaptation prometteuse d’un comic book à succès, rédigé par Robert Kirkman. Des années et des showrunners plus tard, la série est devenue l’une des œuvres du petit écran les plus suivies et commentées de son temps, réunissant son audience autour de scènes cultes et dérapages artistiques qui le sont tout autant. Retour sur ses onze saisons de morts-vivants, de punchlines qui claquent, de cliffhangers sadiques et d’incompréhension.
11. La saison 11 (2021)

Baisser de rideau pour The Walking Dead qui meurt dans un silence désarmant, au terme d’une onzième saison aussi éprouvante, laborieuse et interminable que la précédente, comptant quelques sursauts bien sentis et pistes thématiques pertinentes (le Commonwealth et ce qu’il traduit du rêve américain), mais trop fébriles pour survivre aux seaux d’incohérences, de dialogues ringards et de retournements gênants que leur jettent les scénaristes. La technique s’est pourtant rondement perfectionnée, la série arborant une nouvelle grammaire visuelle à base de focales courtes et d’éclairages soignés, en révisant sa colorimétrie et en laissant derrière elle toutes ses fioritures numériques qui parasitaient son image. Encourageant, mais complètement vain. Et ses quelques violons de dernière minute n’empêchent un constat amer : la série a manqué d’être une grande en s’étirant tel un cadavre traîné sur le bitume.
L’épisode culte : S’il faut sauver quelque chose de cette ultime randonnée parmi les zombies, gardons le double épisode d’ouverture, dans les sous-terrains d’une ville détruite. The Walking Dead retrouve brièvement ses couleurs d’horreur.
Vous pouvez retrouver la critique de la saison 11 ici.
10. La saison 10 (2019)

Les Chuchoteurs, antagonistes que tout lecteur ne pouvait que fantasmer de voir apparaître, se sont révélés n’être qu’une étape supplémentaire d’un (trop) long circuit, les scénaristes puisant dans les pages de Robert Kirkman sans en restituer l’intensité, l’intelligence ni même la violence graphique. L’abondante galerie de personnages, peu à peu remplacée par un empilement de coquilles creuses, est baladée dans tous les sens pour simuler le progrès, camoufler la régression. Le show s’est même proposé de jouer les prolongations avec une poignée de chapitres bonus, tournés à la hâte, dont le point d’orgue est le retour de Maggie Green, sereinement dégagée du scénario lors de la saison précédente. Ainsi, quelques relents des premières heures imprègnent provisoirement la pellicule, faisant vibrer la corde nostalgique, et la série a fini par ressembler à ses revenants : une entité boiteuse, souvenir d’un autre temps plus agréable, défiguré par les années.
L’épisode culte : Les scénaristes se sont enfin décidés à adapter le passé de Negan avec Here’s Negan, une parenthèse émouvante où l’ancien antagoniste prouve qu’il est – et a toujours été – le meilleur élément restant de la série.
Vous pouvez retrouver la critique de la saison 10 ici.
9. La saison 8 (2018)

La saison des incompréhensions. Passé seize épisodes de mise en bouche, les scénaristes s’accordent à faire (encore) faire durer les hostilités et créer de surprenants hasards. De très anciens visages refont surface succinctement, des couples improbables naissent dans le feu de l’action, des morts inconcevables ont lieu, jusqu’à la conclusion rivalisant de nanardise, jouée sur une pauvre colline déserte. L’ensemble des qualités du show sont détournées dans le mauvais sens, y compris ses comédiens solides (Andrew Lincoln et Jeffrey Dean Morgan font ce qu’ils peuvent pour soutenir la carcasse), rabaissant la série à un niveau de fainéantise et de ringardise rarement observé. Quant à la mise en scène, plus personne ne semble s’en soucier. En témoigne un découpage mou et une photographie à vomir.
L’épisode culte : Miséricorde se voulait promesse d’une saison plus mouvementée que celle de l’an passé, avec ses fusillades et sa caméra nerveuse. Promesse non tenue, mais elle fait un épisode divertissant.
8. La saison 7 (2016)

Il apparaît toujours paradoxal que The Walking Dead ait entamé sa longue (et pénible) agonie avec son chapitre le plus extraordinaire. Le charismatique Negan, chef d’une nouvelle troupe de vilains, y déglingue deux personnages d’importance à coups de Lucille (sa batte de baseball chérie), laissant Rick Grimes et ses compagnons désemparés, et perdants – une première depuis les débuts de la série. S’en suit les (interminables) prémices d’une guerre entre les deux camps, bientôt rejoint par d’autres communautés, établie par concours de punchlines et de maigres accrocs. Et si la prestation démente de Jeffrey Dean Morgan en grand méchant loup est un pur régal pour les yeux, elle ne compense en rien le surplace de l’intrigue, ralentie artificiellement dans l’unique but de faire grimper les attentes de l’audience. Le programme, alors lancé dans l’adaptation d’un arc attendu des lecteurs, étonne par son profond manque de verbe et de pertinence.
L’épisode culte : Avec sa narration en deux temps, croisant le massacre et le traumatisme analogue, Le jour viendra où tu ne seras plus est l’épisode de la bascule, le pinacle de la série et celui qui sonne le glas.
7. La saison 9 (2018)

En une flopée d’épisodes, à peine, Angela Kang redonne espoir. La chose n’était pourtant pas gagnée d’avance, après une vingtaine d’heures allouée à la baston risible contre Negan, mais la nouvelle showrunner parvient à remettre The Walking Dead sur des rails thématiques agréables et judicieux. Déjà en instaurant un climat anxiogène grâce aux Chuchoteurs, un groupe aux tendances dérangeantes qui rappelle que la série compte également ses fulgurances horrifiques, et puis en dégageant son héros de toujours, ce bon vieux Rick Grimes, qui fait de la place aux autres personnages et dont le départ s’accompagne d’une dynamique inédite. Sans recouvrer totalement la superbe de ses premières saisons, la neuvième laisse sérieusement envisager une conclusion convenable à ce récit de zombies qui, mine de rien, s’agite depuis une décennie.
L’épisode culte : Ce qui viendra ensuite marque la fin de l’aventure pour Andrew Lincoln, l’interprète historique de Rick Grimes. Ses adieux (temporaires) à la série composent l’un de ses épisodes mémorables.
6. La saison 6 (2015)

The Walking Dead se permet l’un des cliffhangers les plus abominables qui soient en abandonnant ses protagonistes aux mains du mystérieux Negan, dont l’ombre planait lourdement sur eux depuis un certain nombre de chapitres. Avant cela, le show connaît quelques turbulences et faux pas fâcheux (sa pleine conscience de son impact culturel lui a joué des tours), mais également de beaux instants de tension, cette sixième garnison étant particulièrement farcie d’action. Il s’agit-là des dernières grandes heures de la série avant de dévaler la pente, déjà sensible aux problèmes de rythme et aux facilités d’écriture, aux épisodes spin-offs pas fameux et aux cascades grotesques, mais toujours proprement mise en boite et incarnée, toujours propulsée par l’idée de confondre les méandres de l’humanité en conditions zombiesques, donc extrêmes. Le début de la fin.
L’épisode culte : Avant de voir débouler le fameux Negan, dont le nom se murmure avec crainte, la troupe de Rick Grimes passe par la case du désespoir avec Dernier jour sur Terre, où la situation leur échappe progressivement.
5. La saison 2 (2011)

La première saison misait sur l’économie et l’efficacité de ses moyens. La suivante freine un grand coup, plante un décor fixe (une ferme paumée), et touille ce qu’il reste de la civilisation humaine. La série tourne ainsi un peu plus le dos au monde d’avant en jouant les huis clos sous pression. Dans ces champs isolés de tout, entre deux échauffourées, The Walking Dead met à profit sa plus grande qualité : des protagonistes qui ont beaucoup à raconter, et les brillants acteurs qui se cachent derrière. La performance de Jon Bernthal, notamment, effrayante et fascinante, amène à certains des moments les plus époustouflants du programme, tandis que celui-ci démontre en parallèle les symptômes de sa future chute – à savoir la durée excessive accordée à des événements qui n’en avaient pas tant besoin. C’est l’heure des premières longueurs, des premiers égarements, rares mais déjà inquiétants.
L’épisode culte : The Walking Dead chambarde son intrigue en achevant les recherches autour de Sophia, la môme disparue qui préoccupait la bande, et en condamnant cette dernière à des décisions difficiles mais adaptées à ce monde en ruines.
4. La saison 4 (2013)

Après une bataille déterminante, éreintante et sanguinolente contre le Gouverneur, soldée par quelques tranchages de nuques, The Walking Dead se disperse, dans tous les sens du terme. La narration vole en éclats, la série se focalise tour à tour sur les rescapés de l’affrontement, répartis en mini-factions échappées dans les bois, et celle-ci renoue avec la survie sauvage de l’avant-prison. L’occasion de tendre la perche à ceux qui restaient habituellement dans l’ombre, pour le pire (les complaintes de Beth) mais essentiellement le meilleur. La quatrième saison donne à voir l’animosité naissante (puis confirmée) de ses personnages, sommés d’endurer sévices et épreuves insurmontables. Le voyage en direction du Terminus, comme le destin de la petite Lizzie, font des péripéties terribles et haletantes, couronnant le genre humain de la plus odieuse des couronnes.
L’épisode culte : L’arc de la prison prend fin avec Désespéré, marqué par l’assaut final du Gouverneur et la mort de personnages capitaux. Retour à la case départ, à la balade en extérieur, plus proche de l’animal.
3. La saison 3 (2012)

C’est avec sa troisième fournée d’épisodes que naît officiellement la formule The Walking Dead : nos protagonistes sont contraints d’investir un nouveau décor (ici une prison abandonnée), d’appréhender ses locaux et d’affronter un grand méchant (un Gouverneur sociopathe) façon guerre de gangs, avant de déguerpir et recommencer ailleurs. C’est aussi là qu’apparaissent les premières tentatives de reconstruire ce qui n’est plus, en retrouvant des quartiers urbains, de vastes communautés et quelques réminiscences d’humanité – celles des héros s’évaporent à vue d’œil. Enfin, c’est également avec cette saison riche en action et rebondissements que le show témoigne de son amertume, en liquidant des personnages de premier plan et en torturant ceux qui restent. Rick Grimes, le shérif droit qui voulait à tout prix sauver le monde, enfile petit à petit le blouson du survivant enragé qu’il deviendra bientôt.
L’épisode culte : L’on soupçonnait déjà les scénaristes d’être cruels, et Un tueur à l’intérieur n’a fait que l’exposer au grand jour. Un chapitre fondamental dans le parcours des protagonistes et pour le spectateur, désormais averti.
2. La saison 5 (2014)

De son introduction explosive chez les cannibales à son final désarmant de froideur, en passant par la barbe épaisse de l’ex-shérif, la cinquième saison joint les extrêmes et fait percevoir à ses acteurs leurs propres contradictions. D’abord déroulée dans une nature crasse, l’intrigue transforme le groupe de Rick en meute féroce avant de le repositionner dans la minuscule commune d’Alexandria, où chacun reprendra son costume lisse et ses fonctions d’autrefois. Un twist dramaturgique révélant la chute psychologique des (anti-)héros et la fonte de leurs idéaux, désormais en incapacité de refouler ce que l’apocalypse et ses millions de zombies leur ont enseigné. De surcroît, le show semble boucler la boucle en réintégrant le premier visage croisé par le spectateur, comme un témoin de l’évolution de la fiction et des ravages du temps sur l’homme, loup pour ses pairs.
L’épisode culte : La cinquième saison débute sur les chapeaux de roues en bombardant le Terminus, un piège dont se libèrent ses victimes en dynamitant l’endroit. Pas de sanctuaire est une petite bombe télévisuelle.
1. La saison 1 (2010)

Pour inaugurer ce qui allait être sa nouvelle série phare, la chaîne AMC fit confiance au réalisateur chevronné Frank Darabont. Un choix avisé, puisque le bonhomme sortait tout juste de The Mist, un long-métrage dans lequel il enfermait les habitants d’une petite ville américaine dans un supermarché alors que la fin du monde sonnait à l’extérieur. Les graines de The Walking Dead étaient plantées avant même que la série ne voit le jour, et sa fantastique première saison reprend le postulat du film : dans cette fiction apocalyptique, l’étude des personnages – entre fantômes et survivants dérangés – prime sur l’action et le gore. La série s’inscrit dès lors dans la lignée des scénarios de George A. Romero (le père du zombie contemporain) en insistant sur la psychologie de ses acteurs et en dressant le portrait d’une humanité avalée par le désespoir, la peur et la mort, dressée sur ses deux jambes. Six épisodes pour six grands moments de télévision, un niveau que The Walking Dead ne retrouvera malheureusement jamais.
L’épisode culte : Passé décomposé pourrait presque prétendre être un long-métrage à part entière tant le pilote fait preuve de maîtrise (technique et narrative) et parvient à condenser le mythe du mort-vivant en une heure de bobine. La suite ne pouvait que se faire attendre.