Game of Thrones : Les saisons, de la pire à la meilleure [TOP]

Huit saisons. Un classement.
Au rayon des séries télévisées qui ont profondément altéré l’histoire du petit écran, Game of Thrones occupe une place de choix. Véritable phénomène culturel, multi-récompensée et suivie à travers le monde (au point de régulièrement être mentionnée comme le show le plus piraté sur la planète), la grosse machine HBO a non seulement ouvert la voie à d’autres productions d’ampleur mais également conduit au retour en grandes pompes de la fantasy à la télévision. Retour sur une épopée épique, intense mais imparfaite, et ce en huit saisons.
8. La saison 5 (2015)

La cinquième saison est celle de la rupture avec les bouquins de George R. R. Martin et la transition s’est lourdement faite ressentir à l’écran. Ce sont des arcs entiers qui s’évaporent (le cas de Dorne est d’une tristesse absolue), des personnages par douzaine qui sont condamnés à faire du surplace dans l’attente des trois derniers épisodes. La déception n’en est que plus probante qu’elle pointe son nez directement dans le texte, nos chers protagonistes pris dans les filets d’un monde vénéneux où plus personne ne les écoute. Fort heureusement, cette saison renoue in extremis avec sa rigueur d’écriture et son ambition via des arguments de taille tel Hardhome, qui non seulement concrétise le versant fantastique de la série mais ouvre la porte à des séquences épiques dignes des grosses productions réservées aux salles de cinéma, bousculant une intrigue jusqu’ici rondement politique. L’excellence suit la maladresse.
L’épisode culte : Après le calme, la tempête : Hardhome prend l’intrigue à revers et assume sa part cauchemardesque jusqu’au bout en coinçant Jon Snow face aux Marcheurs Blancs. L’apocalypse est là.
7. La saison 2 (2012)

Après avoir fait valdinguer la tête de Ned Stark, la série se confronte à un premier défi de taille : rebondir après avoir dézingué un protagoniste que nul n’aurait imaginé périr. Faute de pouvoir compter sur le reste de la troupe Stark, encore sur les terres fertiles de l’apprentissage, la seconde saison peaufine les détails, élargit le cadre et dévoile de nouvelles ramifications. Les maisons phares du prologue sont pris dans les remous d’une entrée fracassante, celle de Stannis Barathéon, énième prétendant au fameux trône de fer. Ce remue-ménage conduit à La Néra, première démonstration technique de grande ampleur. Mais avant d’atteindre cet exploit pyrotechnique, annonciateur des suivants, il faut un certain temps à la seconde fournée pour trouver son rythme et redistribuer les cartes à Westeros, source de longueurs occasionnelles. Restent les errances d’un Tyrion Lannister à la langue pendue, jubilatoires de bout en bout.
L’épisode culte : Premier épisode à se focaliser sur un lieu unique, La Néra est également une étape pour la série dans sa conception du grand spectacle. Sur les berges de la capitale, la tension est palpable et HBO assoit son pouvoir de destruction.
6. La saison 8 (2019)

Objet d’attentes inconsolables, l’ultime saison aura tenu à jouer du symbole et du majestueux, jetant la finesse aux oubliettes. Dilemmes shakespeariens, images à couper le souffle, lyrisme ambiant : il est question d’en mettre plein la vue, de porter le dénouement au sommet de l’épique et d’embarquer l’audience dans un gigantesque défilé fantastique. Si l’intention est limpide – et compréhensible pour une série qui a changé la face du petit écran –, elle prend malheureusement l’eau. Son découpage scénaristique grossier, à rapprocher des blockbusters estivaux qui ne s’encombrent guère, fait flancher toute sa technique, spectaculaire au possible et pourtant jouissive lors des gros morceaux que sont The Long Night et The Bells. Tombent les personnages comme des mouches, condamnés à l’action pure ou à la caricature, victime du choix étrange de conter ces dernières heures en seulement six épisodes.
L’épisode culte : Paroxysme du duel opposant la mort et la vie, The Long Night privilégie l’immersion et plonge la cité de Winterfell dans un noir terrifiant où résonnent les percussions de l’enfer.
5. La saison 7 (2017)

Changement de format oblige – sept épisodes contre les dix habituels –, l’intrigue de Game of Thrones reçoit un violent coup de fouet. Jusqu’alors, le show était parvenu à fondre la brutalité de ses rebondissements à une dynamique lente, laissant place au développement des personnages mais aussi aux vibrations réalistes de Westeros. Exit les longues chevauchés, le dialogue anodin et les petites fioritures : le programme fonce désormais à l’essentiel, misant sur le grandiose et l’impressionnant, tout en sacrifiant ce qui lui conférait un charme unique. Pour combler le deuil de ces (précieux) instants de vie, David Benioff et D.B. Weiss concrétisent les fantasmes de toute une communauté en alignant brusquement les ingrédients d’une conclusion plus imposante que jamais. Dans cet enchaînement de séquences à couper le souffle, le programme perd en subtilité ce qu’il gagne en puissance. Comme un air de dénaturation.
L’épisode culte : L’on ne peut affirmer que sa trame est dénuée d’incohérence, mais Beyond The Wall croise les arguments fantastiques de la série avec une générosité jamais vue, offrant un remake surprenant et dragonesque à Suicide Squad.
4. La saison 1 (2011)

Son approche posée, ses présentations claires et ô combien cruciales : l’amorce de Game of Thrones constitue un modèle de caractérisation et d’agencement. L’exercice devient ludique à mesure que les showrunners dissémine minutieusement les graines de rebondissement à venir, au détour de détails qui resteront insignifiants des années durant. Frôlant toutefois l’indigestion, tant les paysages de Westeros foisonnent de lieux, familles et souvenirs, l’entrée en matière atteint son paroxysme lorsqu’elle décide de supprimer son héros désigné. Une leçon de dramaturgie capitale à la compréhension de cet univers si impitoyable. Sa tendance encyclopédique pleinement assumée, rebutante si tant est que le mot « saga » fait tiquer, la série puise sa force dans ce pourrait constituer un frein à l’immersion, sa cadence lancinante et mécanique, accordant un temps précieux aux rouages pernicieux de l’œuvre de George R.R. Martin.
L’épisode culte : Le départ de Ned Stark ne serait aussi percutant si Winter is coming n’avait aussi bien rempli sa mission, pilote d’une exemplarité remarquable dans l’établissement des enjeux politiques, et pas que.
3. La saison 3 (2013)

L’on se souvient évidemment de la troisième saison pour son redoutable avant-dernier épisode, mais l’on oublie trop souvent que c’est elle qui a catapulté Game of Thrones à son meilleur. Les présentations faites, il est temps pour les enfants de muer, temps d’embrasser leur destin. Tout appartient encore aux mots, les batailles se faisant timides. Mais les scénaristes l’ont bien compris, en atteste l’écriture et ses dialogues délectables : une phrase peut causer le mal d’un coup d’épée. Amusés d’absoudre toute notion de manichéisme, David Benioff et D.B. Weiss accordent la lumière des projecteurs aux détestés, faisant de Jaime Lannister (meilleur exemple à citer) un prince cruel aux plaies béantes, et donc un humain attachant. Si pour certains, l’empathie demeure compromise (Joffrey Baratheon est le diable en personne), d’autres figures s’imposent naturellement et conduisent le show aux portes de la perfection. Le père Tywin ne dirait pas le contraire.
L’épisode culte : The Rains of Castamere trône avec une certaine évidence au panthéon des épisodes qui ont fait la renommé de Game of Thrones, révélant la fourberie et l’intelligence du show. Un choc traumatique.
2. La saison 6 (2016)

Les défaillances de la saison précédentes ont certes engendré quelques méfiances quant au futur de Game of Thrones, les showrunners désormais en roue libre, mais la sixième flopée d’épisodes fait l’effet d’un agréable pansement. Comme délivrée du matériau originel, la série propose une intrigue complexe, brillamment rythmée et pleine d’éclats ébouriffants. Son penchant politique mis (temporairement) de côté au profit du grand spectacle, Game of Thrones use de son savoir-faire et des moyens alloués pour s’extirper du carcan télévisuel à coups de batailles sensationnelles et d’effets spéciaux impressionnants. Les points de vue convergent peu à peu, indice d’une conclusion se rapprochant à grands pas, et le programme accumule les scènes d’anthologie, jonglant entre l’émotion d’une révélation et le frisson du conflit armé. La Bataille des Bâtards, chapitre fondamental à cette réussite, fait mine de révolution.
L’épisode culte : L’on ne peut que mentionner Battle of the Bastards pour le cap qu’il représente et toute sa barbarie, mais l’épisode suivant frappe encore plus fort en parachevant l’ensemble des intrigues. The Winds of Winter est le meilleur épisode de Game of Thrones.
1. La saison 4 (2014)

S’il ne devait en rester qu’une, ce serait celle-ci. Plus politique que ses consœurs, articulée autour du procès de Tyrion Lannister (accusé d’avoir empoisonné son sadique neveu), la quatrième saison convoque l’essence du programme. Mais plus que d’animer manigances royales, querelles familiales et combats périlleux, Game of Thrones fait preuve d’une maîtrise époustouflante, poussant l’ensemble de ses composantes à leur maximum. Comme si le litige judiciaire ne suffisait pas, cadre dans lequel Peter Dinklage performe – au point d’écraser la rude concurrence –, le script se permet un écart d’une heure dédié à la bataille du Mur, une confrontation nocturne et musclée qui lève le voile sur le potentiel épique. Haletante et restée inégalée, la quatrième fournée est celle de la perfection à tous les étages. Il en faudra beaucoup pour balayer le souvenir d’un monologue enragé devant la populace de Westeros ou l’effroi d’une vipère aux mains de la Montagne.
L’épisode culte : Difficile (voire cruel) de ne sélectionner qu’un épisode tant cette quatrième saison aligne les réussites, mais l’on doit bien avouer que le procès de Tyrion et son monologue acerbe constituent un moment de télévision historique.