Mortal Kombat, la bagarre à tout prix [Critique]

N’existant que pour sa violence décomplexée et ses combos dévastateurs, Mortal Kombat se perd en références et déçoit autant qu’il cogne fort.
Cole Young, héritier d’une grande lignée et combattant raté, est traqué par l’assassin Sub-Zero. Voulant obtenir des réponses et protéger sa famille, il part à la recherche d’autres guerriers pour défendre la Terre dans une bataille les opposants à l’Outre Monde.
Si l’union du septième art et du jeu vidéo a vu naître quelques abominations, sacrilèges absolus et divertissements à peine présentables, les studios n’en démordent pas : les classiques du medium vidéoludique sont appelés à changer de forme, passer à la moulinette hollywoodienne. Les adaptations prochaines de Super Mario Bros., Uncharted et The Last of Us se prêteront bientôt à l’exercice périlleux de traduire le frisson du joystick sur grand (et petit) écran, là où tant d’autres se sont cassés les dents – Silent Hill, Ready Player One et Scott Pilgrim seraient-ils les seuls à avoir passé ce niveau ? Déjà échappée des bornes d’arcades et des consoles de salon pour ce que beaucoup perçoivent comme un nanar sidérant, la galerie de Mortal Kombat entreprend une partie qui ne repose plus sur le rire timbré de Christophe Lambert mais sur le pur broiement d’os, domaine dans lequel la franchise s’est spécialisée. Pour cette édition 2021, le scénariste Greg Russo concocte un scénario prétexte à l’empoignade de ces personnages emblématiques parés à torpiller leurs adversaires à l’aide de combos magiques destructeurs. La sève du jeu né en 1992 est là.
Mortal Kombat œuvre dans un fan-service aveugle, presse son exposition et ses enjeux (incompréhensibles pour le néophyte) pour se consacrer aux compétitions chorégraphiées, aux citations exactes, aux clins d’œil aléatoires. Le film paraît entièrement construit autour de cette volonté d’asticoter l’âme du joueur et lui remémorer les meilleurs passages de la série – au moins ses plus cathartiques – autour d’un tournoi censé fixer l’avenir de la Terre. Sa violence décomplexée, faisant du titre un exutoire efficace, et sa gestion fidèle des « fatalities » sont à ranger du côté positif. Un respect prolongé aux protagonistes, costumes et pouvoirs additionnels. Mais bien que l’inconnu Simon McQuoid s’applique à la reconstitution, sa technique dérisoire se trouve être une énorme épine dans le pied du blockbuster d’arts martiaux. Le montage sectionne les échanges de frappes, la mise en scène sue la paresse, les décors empestent le synthétique et la représentation annoncée festive ne l’est qu’occasionnellement. Ses effets, convaincants en rapport au budget, ne comblent des failles béantes et des gaffes matérielles, fatalement partagées avec les Resident Evil de Paul W. S. Anderson, anti-référence en la matière.
Convaincant quand il lui incombe d’introduire héros et vilains, passant par l’assemblage de plans surréalistes et prenant soin de revisiter leurs origines respectives, Mortal Kombat tient sa promesse de divertissement meurtrier à la violence graphique prédominante, même si privé de second degré, transitions et subtilité qui ne lui auraient pas fait de mal. C’est finalement face à ses propres choix de mots que le long-métrage, disponible à l’achat digital dans nos régions, s’incline et perd la face, combat qu’il pourrait remporter dans une suite davantage portée sur le lore.