Demon Slayer (Saison 2), l’animation des plaisirs [Critique]

Après le raz-de-marée du Train de l’Infini, Demon Slayer repasse par la case télévision pour une nouvelle saison respectueuse de la formule et riche en action.
À peine remis de leur mission du train de l’infini, Tanjirō Kamado et ses acolytes partent pour le quartier des plaisirs, où ont disparu les femmes de Tengen, le Pilier du Son.
La simplicité de son postulat n’a en rien freiné le phénomène Demon Slayer. Cent-cinquante millions d’exemplaires papiers vendus, une adaptation animée et un long-métrage au succès foudroyant plus tard, le périple de Tanjirō Kamado se poursuit avec une deuxième salve d’épisodes télévisés. Le plus espiègle des pourfendeurs de démons entend bien trouver un remède pour sa sœur, bête sauvage dans le corps d’une gosse angélique, et le voilà qui poursuit son apprentissage dans le quartier des plaisirs. À la différence de la première saison, plus longue et fournie, – et si l’on omet l’inclusion du film – la seconde se concentre sur un arc unique. Il y est question, comme à l’accoutumée, de dénicher le démon qui sévit sur place et de le mettre hors d’état de nuire, en compagnie d’un mentor plus extravagant que le précédent. Étonnamment, la formule de Demon Slayer n’explique que peu ses recettes pharaoniques et son triomphe mondial. La série a, dès ses débuts, embrassé les poncifs du shōnen. Du jeune héros optimiste qui ne demande qu’à aider son prochain à sa structure narrative cyclique, en passant par les étapes obligatoires du genre – la perte d’un guide, l’acquisition progressive de nouvelles techniques, la révélation d’une quête prophétique –, l’œuvre de Koyoharu Gotōge ne s’est guère démarquée par l’originalité de son histoire. En revanche, et c’est là ce qui fait sa réputation, celle-ci fait preuve d’une efficacité remarquable quant à la caractérisation de son univers, de ses enjeux et de ses personnages – et ce nouvel arc du Quartier des plaisirs est loin de le contredire. À partir d’une simple enquête, la série japonaise affûte ses plus belles lames. Elle remet en avant les personnalités tranchées de son trio de protagonistes, s’égare gaiement en humour et dérision, et bascule ensuite dans un maelstrom d’action où les frappes de l’épée répondent à la résolution de secrets. Un festival de couleurs et d’éléments, entièrement nocturne et servi par un studio qui écrase la concurrence.
Car l’animation de Demon Slayer est vraisemblablement ce qui lui permet de se hisser aussi haut dans le panier des productions nippones. Son dessin, entre esquisse en deux dimensions et relief, transmet une fluidité exceptionnelle à tout affrontement. Le spectateur ne loupe ainsi rien de la chorégraphie vive des combats, de leur intensité et de l’effort surhumain demandé pour terrasser les monstres qui barrent la route de Tanjirō – constamment à deux doigts d’y laisser sa peau. La prouesse est rendue possible par Ufotable, studio qui se charge de l’adaptation du manga depuis son commencement, et qui s’est davantage retroussé les manches après un long-métrage (sorti en salles) déjà impressionnant de technique. À ce stade, difficile d’imaginer comment les animateurs peuvent encore se surpasser : l’assaut final, étalé sur plusieurs épisodes, écrase ce qui se fait sur le territoire de l’animation japonaise. L’on pourra néanmoins revenir sur sa mise en en place longuette, son refus de mystère (le méchant, malgré quelques twists, est démasqué d’office) et la stagnation de ses personnages, qui ont su accéder à de nouveaux pouvoirs sans grandir autrement. La magie de cet univers de démons et d’épéistes opère quand même, la direction artistique flatte la rétine, l’inédit Tengen Uzui fait un mentor désopilant et les bouilles de Tanjirō, Zenitsu et Inosuke restent des plus attachantes. La combinaison de ces ingrédients fait ici ses preuves, dans une saison qui aura fondamentalement misé sur sa pyrotechnie, mais Demon Slayer devrait veiller à ne pas se reposer sur ses acquis : à rabâcher, elle risque de lasser.