Love and Monsters, comédie et insectes géants sur Netflix [Critique]

Plus réjouissant qu’il semble l’être, le mal nommé Love and Monsters rejoint le catalogue Netflix. Un film d’aventure familial, modeste et bien conçu.
La destruction d’une météorite par des missiles atomiques a entraîné la transformation des animaux à sang froid en monstrueuses créatures. Sept ans après cette catastrophe, Joel Dawson s’aventure à l’extérieur pour retrouver sa dulcinée, malgré le danger.
Par amour, certains seraient prêts à traverser une Terre assaillie par de gigantesques prédateurs, conséquence d’un bazar scientifique sur lequel Love and Monsters ne s’étend que sommairement. Dérivé spirituel de Bienvenue à Zombieland, où les zombies de Ruben Fleischer aurait salement enflé, le nouveau venu de la plateforme Netflix (sorti dans une poignée de salles américaines) retrace l’expédition d’un jeune amoureux décidé à rejoindre sa petite amie, quand bien même le pays serait étrillé par d’énormes insectes. On a vu plus raisonnable. Le fait est que Joel Dawson, notre héros, est un émotif pur jus cherchant sa place parmi ceux qui ont survécu, guidé par ce qui subsiste de sa vie antérieure. Voilà qui le prédispose à un développement dramaturgique tout tracé, dont le film de Michael Matthews (son second, après Five Fingers for Marseilles) ne se détourne pas. L’escapade ne tire nulle fantaisie de son protagoniste, voix-off et sensibilité aggravée au menu, mais puise sa fougue dans l’équilibre du groupe, le flux de répliques et le caractère excentrique de ses membres, qui instaurent un contrepoids désopilant aux penchants horrifiques. Autre argument (de taille) : le long-métrage ressuscite adroitement l’éco-horreur, ou « revanche de la nature », sous-genre où la faune reprend brusquement ses droits. L’intention est d’autant plus louable qu’elle passe par l’hybridation d’effets numériques et pratiques, qui pourraient rappeler les viscosités de The Thing ou Cronenberg. L’effort lui vaut une nomination aux Oscars.
De fait, ce qui partait comme une énième apocalypse pour adolescents – la présence de Dylan O’Brien crée un parallèle inévitable avec Le Labyrinthe – dévoile un égayant paquet d’atouts, à commencer par sa distribution. Le comédien, aux antipodes de ses rôles téméraires, fait un apprenti héros convaincant et charmant, ses armes artisanales et sa simplicité le rapprochant de Jesse Eisenberg. À ses côtés, le vétéran Michael Rooker (The Walking Dead et bientôt The Suicide Squad) est un maître d’armes sympathique, duquel il est pénible de se détacher aussi tôt. L’acteur américain couvre la meilleure partie d’un scénario découpé en trois actes hétérogènes – le virage entre chacun n’est pas toujours maîtrisé – et ne présente malheureusement plus son faciès bourru une fois son quart d’heure passé. Une perte regrettable. Sous ses airs timides de Je suis une légende, glissant agréablement vers la jovialité de Jumanji sans lui piquer sa lucidité, Love and Monsters perd de sa verve au long de cette quête initiatique d’une durée de deux heures, l’apothéose de sa dégénérescence étant sa dernière partie, mal construite. Côté technique, en revanche, Michael Matthews œuvre dans un minimalisme efficace. Limité par un budget de (seulement) trente millions de dollars, maigre pour le genre, le réalisateur sud-africain se paye un bestiaire persuasif, au design aussi réussi que rebutant, se servant de l’apparence informe et disproportionnée des insectoïdes pour bâtir sa mise en scène. Le film ne se refuse d’ailleurs aucune action, alternant promenade sauvage façon Bear Grylls et partie de cache-cache avec les coléoptères. On en redemanderait presque.