The Mandalorian (Saison 2), un tour de Force [Critique]

La première série live-action Star Wars s’impose comme une œuvre majeure de pop-culture, aussi nécessaire à la saga que passionnante à suivre.
Le Mandalorian, chasseur de primes redouté, poursuit son exploration de la galaxie à la recherche du peuple de l’Enfant. Sa quête lui fera croiser la route de figures connues, le rapprochant de l’ordre de sorciers appelés « Jedi ».
Alternative aux mastodontes du grand écran, le show de Jon Favreau a brillamment su réconcilier les générations – fans de la trilogie originale, prélogie et postlogie – en taquinant le secondaire et les personnalités de l’ombre, à base de chasseurs de primes, monstres extraterrestres et peuples ostracisés. Présentations faites et enjeux concrétisés, le héros éponyme fait son grand retour sur la plateforme Disney+, toujours assisté de son acolyte miniature, missionné de localiser ces illustres magiciens que sont les Jedi. L’on supposait que la série, désormais pourvue d’un authentique fil rouge, allait se débarrasser de sa formule si particulière, digne des feuilletons d’un autre temps. Grossière erreur. The Mandalorian est fidèle à son credo : le programme suit sa voie et conserve soigneusement sa structure narrative, faisant de chaque chapitre une épopée singulière et (presque) dissociable. Le protagoniste accoste à tous les ports, brave les péripéties sans discuter puis repart avec un lot. Seulement, à la différence des huit épisodes initiaux, le hasard n’est plus de mise. Les personnages tiennent un objectif. Ainsi, les rencontres ne sont plus fortuites mais exclusivement bénéfiques, et le récit dissémine progressivement les pistes pour un schéma plus large qu’une simple escarmouche. Avec brio, la série imbrique la petite histoire à la grande, à la croisée de figures reconnues de la galaxie Star Wars, et se propose discrètement de raccorder les œuvres en les nouant à jamais – l’on reproche aux trilogies cinématographiques leurs dissonances, voilà le problème réglé. À ce jeu d’harmonisation, Favreau et Dave Filoni (The Clone Wars) accolent un fan-service total, prêt à séduire le public par tous les moyens (souvent les plus persuasifs) en dépit d’une exécution cernée de facilité. Le résultat, champ spectaculaire où les mediums (de la pellicule aux cases de comic books) se fondent, est d’ordre orgasmique.
De surcroît, la multiplicité des lieux simplifie la résurgence de références, transformant périodiquement la série en opéra du clin d’œil – sont convoqués les ouvrages de John Carpenter, George Miller ou Akira Kurosawa. The Mandalorian en profite pour disséquer l’imaginaire de George Lucas, franchir ses limites à l’aide de moyens décuplés. Dragon titanesque, kraken ou araignées par milliard : plus rien n’effraie les concepteurs, amusés d’embringuer le Mandalorien dans les pires recoins du cosmos. L’occasion de creuser la relation qu’entretient le guerrier en armure avec l’Enfant (qui dispose enfin d’un nom) et de raccorder les wagons avec les fondamentaux. Star Wars a toujours détaillé la filiation, et observer l’adulte feindre sa carapace en s’amourachant d’un chérubin verdâtre n’étonne que peu. Il était déjà l’affaire de la première saison que de révéler l’homme sous la machine, et en exploitant à merveille le tandem – qu’il est compliqué d’imaginer désamorcé –, l’intrigue pousse davantage les curseurs. Djarin n’est pas le seul personnage à être auréolé d’un développement favorable, puisque toute l’équipe (Gina Carano, Carl Weathers et d’autres reviennent) jouit de la bravoure des combats passés. Ces visions hétéroclites ne font que renforcer le postulat (nourrir la face cachée de la franchise), pour que Star Wars respire sous nos yeux.
La seconde saison n’aura contourné quelques futilités, pauses sacrifiées à l’action brute et flottements saugrenus, et l’intervention de réalisateurs de renom (Robert Rodriguez est au générique) ne put égaler l’attente générée. Ces bavures légères et nettement rattrapables devraient être éjectées, on l’espère, en vue des portes ouvertes en amont. L’intrigue pourrait dorénavant s’étendre à une toute autre échelle.