Naruto : le classement ultime des films [TOP]

Notre classement des films de l’univers Naruto : plus qu’un manga, une saga cinématographique.
Le récit de cet orphelin dont le corps renferme un terrible démon renard à neuf queues ne pouvait se suffire des pages du célébrissime Weekly Shōnen Jump. Ses soixante-dix tomes vendus par millions d’exemplaire ont fait naître une série d’animation non moins couverte de succès, des jeux vidéos fracassants, des romans et – c’était attendu – des longs-métrages. Onze films ont profité des salles de cinéma japonaises (puis internationales), œuvres pour la plupart sorties de la continuité officielle mais visant tout de même à étendre les frontières du monde imaginé par Masashi Kishimoto.
De Naruto à Boruto, retour sur les détours cinématographiques entrepris par les ninjas de Konoha, en un classement !
11. Naruto Shippuden : Blood Prison (2011)

Au cinéma, Naruto s’est arrangé pour surfer sur les (sous-)genres à la mode, comme un moyen de conserver l’attention de son public en le titillant avec des tournures familières et, dans une moindre mesure, d’agrémenter son univers de ninjas avec des postulats tranchés. C’est pourquoi notre héros se retrouve accusé à tort dans le justement nommé Blood Prison, qui l’expédie dans un pénitencier malfamé, sous le joug de matons sadiques. Une halte en milieu carcéral qui n’esquive aucun poncif (injustice de départ, séances de torture, tentatives d’évasion, etc.), artificiellement gonflé par une sous-intrigue familiale pénible et une violence crue, et qui voudrait nous faire croire que l’hôte de Kyûbi peut rivaliser avec le Clint Eastwood de L’Évadé d’Alcatraz.
10. Naruto : La Légende de la Pierre de Guelel (2005)

Voir des types déguisés en Chevaliers du Zodiaque perturber la diégèse de Naruto a tout d’un postulat excitant, mais La Légende de la Pierre de Guelel n’est qu’une histoire de faux-semblants, de bonshommes manipulés par un méchant machiavélique et d’artefacts magiques interchangeables, relevant certes des thématiques séduisantes (une utopie née des cendres du monde d’avant) mais jamais assez passionnante, ni détaillée, ni suffisamment bien mise en scène pour que son heure et demie ne semble excessive. Reste une animation propre, un Naruto fidèle à lui-même pour sa crédulité et son optimisme, ainsi que des inspirations graphiques anachroniques mais hautement cinématographiques.
9. Naruto Shippûden : Un funeste présage (2007)

Premier film à voir le jour sous l’ère Shippûden, Un funeste présage débute sur la mort brutale de Naruto, empalé par un monstre tentaculaire. Fort heureusement pour lui, et pour une question éreintante de logique, il ne s’agit que d’un rêve, celui d’une prêtresse capable d’annoncer la fin de ceux qui la côtoient. Outre son aspect Destination finale jamais employé de façon ludique, ce quatrième long-métrage fait dans l’action bête et enchaîne les bagarres jusqu’à nous ramener à la fameuse vision inaugurale, non sans bredouiller quelques mots sur le destin et le déterminisme. Il met ainsi à rude épreuve la résolution du ninja à moustaches, luttant contre son propre trépas à l’aide de ses convictions, ici plus symboliquement que jamais.
8. Naruto : Mission spéciale au Pays de la Lune (2006)

Direction la plage pour Naruto et ses amis, puisqu’une énième mission les fait escorter un jeune prince jusqu’à chez lui, au Pays de la Lune. Pas de repos pour autant : le monarque est un garnement intenable et leur chemin les fait croiser trois gaillards peu commodes. L’on pourrait légitimement reprocher à cette Mission spéciale au Pays de la Lune l’extrême simplicité de son scénario, ses personnages secondaires insupportables ou encore la paresse de son animation sur les séquences bavardes, si tout cela n’était pas contrebalancé par des affrontements brutaux où nos ninjas préférés (tout juste adolescents) se font rétamer avant de rendre la pareille. Avec le cadre estival et ce qu’il suppose de chaleureux, c’est encore mieux.
7. Naruto Shippûden : The Lost Tower (2010)

Dans leurs meilleurs moments, les films dérivés sont allés piocher du côté des studios Ghibli en esquissant des décors et visages que l’on croirait sortis de la tête d’Hayao Miyazaki. Défi de taille pour The Lost Tower qui marche dans les pas du maître de l’animation japonaise, donc, et se risque également à manipuler le principe de voyage dans le temps. Un bon prétexte pour remanier des événements passés, ébranler la chronologie et faire jaillir un fan-service vulgaire (à base de rencontres et collaborations impossibles) qui cependant n’entache en rien une direction artistique réfléchie et une conclusion presque émouvante, si tant est que l’on oublie son milliard d’incohérences.
6. Naruto et la Princesse des neiges (2004)

Avant de chanter sa liberté sous l’étendard Disney, la princesse des neiges esquivait les tentatives d’enlèvement et menait une carrière d’actrice. C’est du moins ce que raconte le premier film d’animation estampillé Naruto, lequel tisse un lien méta avec le grand écran en l’incluant dans son histoire de magouilles royales. Ce volet-ci pose les bases de ce que seront la majorité des suivants : une aventure hors-chronologie, étalée sur une grosse heure et reprenant approximativement l’esprit du manga, jusqu’à l’irrévérence de son héros éponyme, en veillant à ne pas trop chambouler le reste. Naruto et la Princesse des neiges se révèle être l’un des plus sympathiques pour sa forme modeste et la présence de l’équipe originale dirigée par Kakashi Hatake.
5. Naruto Shippûden : La Flamme de la volonté (2009)

En 2009, les frasques de Naruto sur papier fêtent leurs dix ans et Junki Takegami, l’auteur des précédents longs-métrages Shippûden (mais aussi de la série Pokémon et One Piece), se retrouve chargé de célébrer cette décennie couronnée de succès par l’intermédiaire d’un nouveau script. Deux ou trois enjeux brièvement esquissés, et voilà que tous les personnages phares refont surface pour soutenir un élève prêt à tout pour secourir son sensei en mauvaise posture. La Flamme de la volonté n’est rapidement plus qu’un défilé de techniques et pouvoirs élémentaires, plastiquement convaincant et généreux, bâti autour du dilemme existentiel du devoir et de la raison.
4. Naruto, The Last – Le film (2014)

Si jusque-là le format long était réservé aux hors-séries (et principalement au fan-service), The Last change la donne en se présentant comme l’épilogue du manga – avant que Boruto ne prenne le relai. Au cœur de cette conclusion à l’allure cinématographique, l’histoire d’un amour naissant entre Hinata et Naruto, mis en parallèle avec la menace disproportionnée d’une destruction planétaire. Le film fait le choix inattendu de relayer l’action au second plan pour se focaliser sur les sentiments de ses protagonistes, alors bercés par un certain romantisme, et profite du florilège d’émotions pour développer cette joyeuse troupe de ninjas presque adultes. La démarche porte ses fruits, même avec maladresse.
3. Naruto Shippûden : Les Liens (2008)

Quand bien même Les Liens n’existerait dans le seul but de creuser davantage la relation obsessionnelle entre Naruto et son camarade rebelle Sasuke, sa filiation graphique évidente avec Le Château dans le ciel et l’imagerie vertigineuse qui en ressort gomment ses plus grosses tares de scénario. Son twist se devine bien facilement, son idée de détournement de chakra est déjà-vu, son antagoniste est d’une triste banalité, ses effets en relief font peine à voir, mais le long-métrage d’Hajime Kamegaki se tient constamment en capacité de créer des plans effarants de beauté et de les corroborer avec le beau discours de son fieffé protagoniste. Une chronique qui, de surcroît, s’intègre à la grande histoire en la gratifiant de menus détails délicieux.
2. Naruto Shippûden : Road to Ninja (2012)

Avec Road to Ninja, Naruto Shippûden réitère le jeu des sept différences après avoir exploré les dimensions parallèles dans The Lost Tower, cette fois-ci en poussant les curseurs à fond. Naruto et Sakura coincés dans une réalité totalement différente de la leur, le scénario use d’humour pour amorcer une course émouvante aux actes manqués, le duo touchant du doigt ce qui n’a jamais été. Cette relecture faussée de l’univers Naruto pourrait passer pour une rétrospective déguisée et savoureuse, régurgitant des scènes bien connus par un prisme mélancolique. Le long-métrage qui aura sans doute le mieux tenu l’équilibre entre légèreté et pesanteur.
1. Boruto : Naruto, le film (2015)

Non content de caresser les fans de la première heure dans le sens du poil, Boruto déjoue les attendus en tronquant les archétypes, faisant mine de reproduire les débuts de l’histoire originelle avant de raccrocher les wagons avec l’héritage pesant du septième Hokage et l’arrivée contestée de la déesse Kaguya. C’est bien ce qui fait la réussite de cette suite – et lancement d’une nouvelle ère : remanier l’univers et la trajectoire du récit en développant ses héros à l’aune de leurs parents et en assumant sans honte la tournure extraterrestre des tous derniers chapitres. L’orphelin d’hier fait un père pétris de maladresse, révélant toute les difficultés de l’éducation et une facette inédite du protagoniste, peut-être encore plus humain qu’auparavant.