Les meilleurs films de 2019 [TOP]

La fin d’année amène son lot de classements en tout genre, ce à quoi s’adonnent les cinéphiles avec ferveur. Quelles furent les performances les plus époustouflantes, les réalisations les plus inspirées ou encore les scènes les plus jubilatoires : tant de questions qui trouveront certainement une réponse, si tant est que l’on fouille Internet, des réseaux sociaux à la presse spécialisée.
Alors, quels sont les meilleurs longs-métrages de l’année passée ? Tentons de combler cette interrogation par le prisme de dix films qui ont fait 2019.
Mentions honorables
L’année fut si riche que la contenir en dix propositions fut un exercice périlleux. C’est pourquoi figurent quelques mentions honorables, en guise de préambule.
- Glass, de M. Night Shyamalan : en guise de conclusion à sa trilogie surprise, le père de Sixième Sens interroge habilement la société contemporaine et sa fascination pour le super-héros.
- Us, de Jordan Peele : toujours à l’ébauche d’une Amérique transpercée, la suite spirituelle de Get Out se veut plus fantastique et tout aussi étincelante.
- Ma vie avec John F. Donovan, de Xavier Dolan : épaulé d’un casting quatre étoiles, le cinéaste québecois tisse une somptueuse galerie de portraits autour d’un drame poignant.
- Dragons 3 : Le monde caché, de Dean DeBlois : ainsi s’achève l’aventure Dragons, entre une aventure épique à souhait et les larmes d’adieux rayonnants.
- Une vie cachée, de Terrence Malick : en conjuguant sa mise en scène hypnotique et un scénario emprunt de sentiments, Malick semble trouver la formule de la réussite.
10. Marriage Story

Et si un divorce se racontait comme une romance, avec ses flamboyances et ses crises, ses joies et ses peines ? Noah Baumbach dépeint sa vision de la rupture amoureuse au travers d’une approche troublante de réalisme. Sa caméra, œil rivé sur la scission, ne s’agite guère. Elle reste fixe, stable, laissant le mouvement et les esclandres à ses sujets. Adam Driver – qui signe sa quatrième collaboration avec le réalisateur – et Scarlett Johansson transcendent le script, via ce qui apparait comme leur plus beau rôle. Des âmes qui s’effritent à coups de mots, un mal exacerbé par des procédures judiciaires vicieuses. Marriage Story est criant de sincérité, de vérité.
9. The Lighthouse

Une île, deux hommes, un phare. Robert Eggers ajoute une pincée de folie à ce postulat ultra-simpliste, et laisse l’ensemble s’échauffer. Métaphorique, philosophique, religieuse ou spirituelle : l’auteur du dérangeant The Witch s’amuse des dimensions et agrémente le mystère. Est-ce un thriller psychologique ? Une expérience horrifique ? Difficile – et peut-être totalement vain, finalement – de chercher à ranger un tel objet filmique. Robert Pattinson et Willem Dafoe font de la démence un moteur à performance. N’ayant peur de frôler le ridicule, puisque leurs personnages n’en manquent pas, le tandem déborde. Pouvant s’appuyer sur ses deux comédiens, Eggers étaye son récit loufoque grâce à une mise en scène symbolique et indéniablement brillante.
8. Toy Story 4

Quiconque est familier au cinéma des studios Pixar sait que la filiale Disney peine à construire des suites à la hauteur de ses ouvrages originaux – si l’on omet de rares exceptions. Alors, voir débarquer un quatrième Toy Story dans les salles obscures, neuf ans après la fabuleuse (et larmoyante) conclusion apportée par le précédent volet, était une idée terrifiante. Et pourtant, malgré l’appréhension et la multitude d’éléments qui jouait en sa défaveur, Toy Story 4 se révèle être à l’opposé du fameux « film de trop ». D’un discours émouvant et juste sur l’amitié, le film d’animation aborde des thématiques aussi universelles qu’intimes, preuve que la franchise est – et restera – la plus grande réussite de Pixar.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
7. Midsommar

Hérédité était pour le moins déstabilisant. Plus qu’un énième produit d’épouvante à base d’effets désuets, il s’agissait d’une œuvre percutante, prenant place dans un cadre (quasi-)commun. Un an plus tard, Ari Aster repasse par la case horreur, inspiré cette fois-ci par une démarche bien différente. Avec Midsommar, le réalisateur prône l’immersion et souhaite son enfer palpable. Au cœur de cérémonies estivales, sous un soleil écrasant, les protagonistes – tel le spectateur – ne peuvent échapper aux atrocités, jusqu’à ce que les intentions deviennent limpides. Car l’aspiration, aussi éprouvante soit-elle, est la guérison (de relations anxiogènes, du deuil, etc). Midsommar est, plus que tout autre chose, une étude viscérale de l’humain.
6. The Irishman

Al Pacino, Robert De Niro et Joe Pesci sous la caméra de Martin Scorsese : sur le papier, The Irishman ressemble à un remake (ou une suite) des Affranchis et Casino, deux monuments datant respectivement de 1990 et 1995. Il n’en est rien, ou presque. Le long-métrage, immense fresque faisant défiler un morceau de l’Histoire américaine, délaisse la fougue pour l’émotion, la décadence pour les remords. Comme si Scorsese mettait un terme au cinéma dont il est le parrain, The Irishman enterre les icônes criminelles autant qu’il les confronte aux regrets, à l’amertume d’un monde corrompu. Pour ces légendes, le temps (thématique primordiale) est au silence.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
5. La Favorite

Début du XVIIIe siècle. L’Angleterre et la France se livrent bataille. Toutefois, un conflit plus hargneux et crapuleux se trame, dans la chambre même de la reine Anne. La Favorite est une guerre de femmes, une joute cynique et impitoyable entre une duchesse et sa cousine, qui conduirait – dans le meilleur des cas – à la couche royale. Face à Olivia Colman (qui n’a pas démérité son Oscar), Emma Stone et Rachel Weisz donnent force et vie au long-métrage de Yórgos Lánthimos, qui signe sa plus noble réalisation. De ces images gracieuses, éclairées naturellement et captées à la courte focale, La Favorite tire une puissance esthétique inouïe.
4. Ad Astra

Qu’il est fascinant de voir des auteurs explorer les confins de l’univers, ces espaces obscurs et infinis, pour sonder l’être humain. À la manière d’Interstellar (Christopher Nolan) et First Man (Damien Chazelle), Ad Astra projette son protagoniste vers des nébuleuses lointaines, l’objectif fixé sur sa conscience et ses tourments. James Gray, dont la caméra parvient à saisir la majesté des étoiles, élabore un récit intime : la quête d’un fils à la recherche de son père. Brad Pitt, tête d’affiche, campe un rôle majeur de sa carrière, éblouissant de justesse et retenue. Ad Astra, odyssée spatiale (et intérieure) à la beauté stupéfiante.
3. Joker

Soixante-dix ans d’existence plus tard, l’illustre clown de Gotham se voit enfin gratifié d’un long-métrage dédié. S’il n’avait eu aucun mal à voler la vedette lors de ses précédentes apparitions (chez Burton ou Nolan), le Joker devient le héros de sa propre histoire, Todd Phillips s’attaquant à la genèse du personnage via un élan scorsesien. Dans une cité en ébullition, où les écarts sociétaux égratignent la population, Arthur Fleck se mue en symbole. Isolé par la société, battu pour sa différence, l’homme s’efface pour révéler le criminel, futur antagoniste de Batman. Sous le maquillage, Joaquin Phoenix ne laisse place au doute : il est le Joker, un démon à l’humanité perturbante.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
2. Parasite

Gracié de la Palme d’or sur le tapis rouge cannois – rebondissement historique car premier film coréen à obtenir cette récompense –, Parasite s’est quelque peu imposé comme l’une des merveilles cinématographiques de l’année. Revenu de Netflix après Okja, Bong Joon-ho renoue avec la manipulation des genres, le tout dans une fluidité prodigieuse. Bondissant de la comédie au drame, du thriller à l’horreur, tel ses illustres ainés, Parasite pioche dans l’architecture de ses décors un argument de taille pour sa retranscription de la lutte des classes, et à une échelle plus large, de la Corée. L’auteur de Memories of Murder peaufine sa mise en scène, la spatialisation au cœur du processus, pour que ces foyers diamétralement opposés soient familiers aux yeux du spectateur. Une chute progressive dans un chaos effrayant de réalité.
1. Once Upon a Time… In Hollywood

Ceux qui y cherchent un tissu de péripéties, tel Pulp Fiction ou Kill Bill, font fausse route. Avec Once Upon a Time… In Hollywood, Quentin Tarantino ne vise pas le divertissement, mais bien le partage de son rêve d’un Hollywood révolu, sa vision et surtout son amour du septième art. C’est ainsi que se conçoit le (potentiel) dernier film de son réalisateur et scénariste, comme une déclaration nostalgique, mélancolique, à ces mythes disparus. Au milieu de faits réels, Tarantino fait évoluer deux personnages originaux (et crédibles), interprétés par Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, lumineux. Fresque historique qui s’abandonne parfois à la contemplation, Once Upon a Time… In Hollywood découle d’une passion inébranlable, tant qu’elle inonde le reste. Un plaisir de cinéphiles, pour cinéphiles.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.