Les meilleurs films de 2019 [TOP]

De vieilles amitiés, des clowns tristes, des intrusions, des cauchemars ensoleillés et des rêveries nostalgiques : 2019, année de cinéma chargée et sans doute historique.
Voici notre sélection des dix meilleurs longs-métrages (et quelques mentions honorables) sortis dans les salles obscures, sur les plateformes ou directement dans les bacs à DVD.
Mentions honorables
- Us, de Jordan Peele
- Dragons 3 : Le monde caché, de Dean DeBlois
- Une vie cachée, de Terrence Malick
10. Marriage Story, de Noah Baumbach

Et si le divorce se racontait comme une romance, avec ses flamboyances et ses crises, ses joies et ses hésitations ? Noah Baumbach dépeint la rupture amoureuse avec une approche troublante de réalisme et une grande dose de sincérité. Sa caméra, œil rivé sur la décomposition d’un couple qui s’aime mais plus assez, reste fixe, laissant le mouvement à ses sujets. Adam Driver, qui signe sa quatrième collaboration avec le réalisateur, et Scarlett Johansson transcendent le script à coups de mots, deux âmes torturées par des procédures judiciaires vicieuses et une tonne de regrets. Marriage Story est un bijou qui fait mal.
9. The Lighthouse, de Robert Eggers

Une île, deux hommes, un phare. Robert Eggers ajoute une pincée de folie à ce postulat ultra-simpliste, et laisse l’ensemble s’échauffer. Métaphorique, philosophique, religieuse ou spirituelle : l’auteur du dérangeant The Witch s’amuse des dimensions et agrémente le mystère à coups d’images chocs. Est-ce un thriller psychologique ? Une expérience horrifique ? Difficile – et peut-être totalement vain, finalement – de chercher à ranger un tel objet filmique. Robert Pattinson et Willem Dafoe font de la démence un moteur à performance. Pouvant s’appuyer sur ces deux comédiens brillants, Eggers étaye son récit loufoque grâce à une mise en scène symbolique, chipée au Nosferatu de Murnau et autres classiques expressionnistes.
8. Toy Story 4, de Josh Cooley

Quiconque est familier au cinéma des studios Pixar sait que la filiale Disney peine à construire des suites à la hauteur de ses productions originales – si l’on omet de rares exceptions. Voir débarquer un quatrième Toy Story, neuf ans après la fabuleuse (et larmoyante) conclusion apportée par le précédent volet, était une idée sacrément terrifiante. Et pourtant, Toy Story 4 se révèle être à l’opposé du fameux « film de trop » grâce au savoir-faire technique du studio et un script qui séduit par son efficacité. D’un discours émouvant et juste sur l’amitié, le film d’animation aborde des thématiques aussi universelles qu’intimes, preuve que la franchise est – et restera – la plus grande réussite de Pixar.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
7. Midsommar, de Ari Aster

L’année dernière, Ari Aster livrait un premier long-métrage perturbant qui faisait sauter une à une les coutures d’un foyer maudit, littéralement. Le réalisateur repasse par la case horreur avec Midsommar, cette fois inspiré par une autre démarche, plus lumineuse mais non moins glauque. Son second long-métrage prend place sous un soleil continu, au sein d’une communauté suédoise toute souriante, mais dont les coutumes peu communes contrarient le décor paradisiaque et révèlent progressivement un bel éventail thématique (le deuil, les relations toxiques, etc.). Pour en accentuer les effets, Aster déploie une mise en scène retorse et sensorielle, piégeant son spectateur, à l’instar de ses pauvres personnages, dans un cauchemar immersif qui, de l’extérieur, avait pourtant l’air d’une paisible halte d’été. Cruel et traumatisant.
6. The Irishman, de Martin Scorsese

Al Pacino, Robert De Niro et Joe Pesci réuni sous la caméra de Martin Scorsese : sur le papier, The Irishman a tout d’un remake sénior des Affranchis – certainement son plus grand monument. Il n’en est rien, ou presque. Le long-métrage du maestro fait défiler l’Histoire américaine avec une profonde mélancolie, délaisse la fougue commune au genre pour tâter une émotion inédite chez le metteur en scène. Comme si Scorsese apposait un point final au cinéma dont il est le parrain, The Irishman enterre les icônes criminelles après les avoir confronté à la charge des regrets, à l’amertume et la corruption. Pour ces légendes, le temps (thème substantiel) est au silence.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
5. La Favorite, de Yórgos Lánthimos

Début du XVIIIe siècle. L’Angleterre et la France se livrent bataille. Toutefois, un conflit plus hargneux et crapuleux se trame dans la chambre même de la reine Anne : une duchesse et sa cousine se bagarrent pour la couche royale. La Favorite est donc une guerre de femmes, mais avant tout une guerre d’ego cynique et impitoyable. Face à Olivia Colman (qui ne démérite pas son Oscar), Emma Stone et Rachel Weisz donnent force au septième film de Yórgos Lánthimos, qui signe ici sa réalisation la plus étudiée. Avec ses images éclairées naturellement et captées en grande partie à la courte focale, le film tire une puissance esthétique inouïe.
4. Joker, de Todd Phillips

S’il n’avait jusque-là eu aucun mal à voler la vedette à son comparse déguisé en chauve-souris, le Joker n’avait pourtant jamais joui d’un long-métrage à son nom. Chez Todd Phillips, réalisateur derrière la trilogie comique Very Bad Trip, le clown de Gotham est le héros de sa propre histoire. Le futur antagoniste de Batman évolue en décors scorsesiens (le script ne laisse aucun doute sur les influences du film), se mue en symbole d’une crise humaine et sociétale, plus proche du drame inhérent au magnifique Taxi Driver qu’aux parades endiablées entraperçues chez Tim Burton. Sous le maquillage, Joaquin Phoenix fait des miracles : son Joker est un démon à l’humanité perturbante.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
3. Ad Astra, de James Gray

Dans le sillon d’Interstellar et First Man, deux drames misant sur l’exploration spatiale pour sonder l’humain derrière l’astronaute, Ad Astra projette son protagoniste vers des nébuleuses lointaines en restant accroché à son casque d’homme obsédé. James Gray, revenu de la jungle amazonienne de The Lost City of Z, restitue ainsi le voyage intérieur de son héros à la même échelle que sa traversée de l’espace, un cadre étoilé capturé avec une grâce retentissante. Brad Pitt y rencontre un rôle majeur de sa carrière, fils dans l’ombre d’un père aux airs de colonel Kurtz (le scénario s’inspire, comme Apocalypse Now, du roman Au cœur des ténèbres) dans l’un des longs-métrages qui portent la science-fiction à son plus haut niveau.
2. Parasite, de Bong Joon-ho

Du bas de l’escalier, accrochée à la rambarde et grimpant à pas feutrés, une famille fixe une réalité qui n’est pas la sienne. Une autre, fièrement perchée, n’y songe même pas – jusqu’à ce que l’écart sociétal lui claque au visage. Gracié de la Palme d’or au dernier festival cannois (rebondissement historique car premier film coréen à obtenir cette récompense), Parasite s’impose d’emblée comme l’une des œuvres les plus importantes de l’année. Bong Joon-ho y bondit d’un genre à l’autre, de la comédie au drame, du thriller à l’horreur, puisant sa force dévastatrice dans sa science de l’espace et du cadre. L’auteur de Memories of Murder se sert de l’architecture pour sa retranscription incisive de la lutte des classes et, à une autre échelle, de la Corée. Une chute progressive dans un chaos effrayant de réalité.
1. Once Upon a Time… In Hollywood, de Quentin Tarantino

Ceux qui y cherchent les péripéties explosives de Django Unchained ou Kill Bill font fausse route. Avec Once Upon a Time… in Hollywood, son (potentiel) dernier long-métrage, Quentin Tarantino partage sa vision d’un Hollywood révolu, comme une déclaration d’amour au septième art, une fresque nostalgique ressuscitant les lieux et acteurs mythiques du temps d’avant. Au milieu des faits (le film offre une reconstitution bluffante des seventies), le réalisateur et scénariste fait évoluer deux personnages originaux, deux avatars se fondant parfaitement dans l’époque, interprétés par Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Des monstres du cinéma d’aujourd’hui jouant ceux d’hier dans un authentique conte de cinéphile pour cinéphiles, né d’une passion totale pour la pellicule et ceux qui la travaillent.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.