Batman : le classement des vilains au cinéma [TOP]

Retour sur les plus grands ennemis du chevalier noir au cinéma.
Hitchcock évoquait en son temps l’importance du vilain dans toute fiction. Les histoires de la chauve-souris n’ont cessé d’approuver ses dires. Clowns, hommes-animaux, types givrés, mafias, lutteurs mexicains : voici notre classement des monstres de Gotham City.
Précision : les productions consacrées à Batman et son univers étant chose courante, l’article et le classement qu’il contient sont régulièrement mis à jour. Derniers ajouts en date : The Batman.
10. Harley Quinn (Suicide Squad / Birds of Prey / The Suicide Squad)

Depuis cette expérience traumatisante que fut Suicide Squad, l’incorrigible Harley Quinn s’est frayée un chemin lumineux au cinéma en tant qu’anti-héroïne, d’abord dans un film (quasiment) solo qui l’a libéré de son petit-ami toxique (un certain Joker), puis au sein du reboot opéré par James Gunn. Une évolution plaisante à observer grâce aux talents de Margot Robbie, laquelle rend justice à son rôle en épousant la folie – mais surtout la grande candeur – de la princesse du crime à Gotham. À elle seule, Quinn incarne le versant féministe de l’univers cinématographique DC, piquant même la vedette à l’incontournable Wonder Woman.
9. Ra’s Al Ghul (Batman Begins)

En 2005, après deux nanars intersidéraux ayant mis en pause sa carrière cinématographique, la chauve-souris renaît de ses cendres dans le sobrement nommé Batman Begins. Christopher Nolan marque le coup en intronisant un méchant inédit, le sage Ra’s Al Ghul, un méchant directement branché aux origines du super-héros. Mentor de Bruce Wayne avant de devenir son ennemi, ce premier adversaire de taille est incarné par un Liam Neeson charismatique et imposant, déjà familier aux rôles de maîtres. Son interprétation est en adéquation avec les ambitions réalistes du reboot : ce noble vilain répond d’intentions crédibles et s’éloigne radicalement des opposants caricaturaux qui l’ont précédé.
8. Le Pingouin (Batman : Le défi)

Pour la suite de Batman, Tim Burton multiplie les menaces qui planent sur Gotham. Il transforme la cité en zoo à ciel ouvert, où déambulent chauve-souris, chat et volatile en quête de reconnaissance. Baptisé Oswald Cobblepot, ce drôle d’oiseau qu’est le Pingouin émerge des bas-fonds et tente de grimper les échelons sociaux en visant le poste de maire. Le réalisateur prend plaisir à mettre en scène ce personnage baroque (dont il pourrait être l’inventeur), interprété par un Dany DeVito au sommet de son art. Avec son faciès insolite et ses accessoires excentriques, piqués au docteur Caligari, le Pingouin fait un vilain remarquable en plus de correspondre aux standards du cinéaste qui l’emploie.
7. Double-Face (The Dark Knight)

Dans The Dark Knight, Christopher Nolan s’intéresse notamment à la contamination par le mal. Il emploie pour cela le personnage de Harvey Dent, procureur perçu comme le chevalier blanc dont avait besoin Gotham, avant que le Joker ne l’imprègne de sa folie. Moins excentrique que sa version papier, sa schizophrénie n’était que suggérée, Double-Face est ici un pur héros de tragédie : une figure dont la réussite intéresse moins que sa chute progressive dans les ténèbres, incarnant finalement ce qu’elle avait juré de combattre. Son apparence rebutante donne alors l’impression de voir l’obscurité ronger Dent en temps réel, un changement physique corrélée à la déchéance de son idéologie.
6. L’Homme-Mystère (The Batman)

Son incursion dans les salles obscures remonte à l’un des pires produits jamais conçu autour de la chauve-souris, où le plus grand détective du monde perdait de son aura terrifiante au profit d’un festival absurde et débilisant. Depuis Batman Forever, dans lequel Jim Carrey lui prêtait ses grimaces, l’Homme-Mystère a fait peau neuve. Matt Reeves, dans son radical The Batman, en fait un tueur cinglé et psychotique, de la trempe du Zodiaque. Mais ce qui rend le méchant d’autant plus juste, outre la plâtrée de thématiques politiques que son existence soulève, c’est sa liaison substantielle avec le Batman de Robert Pattinson. L’un et l’autre se reflètent, des origines aux motivations : deux faces d’une justice façon vigilante, née dans la pénombre.
5. Bane (The Dark Knight Rises)

Christopher Nolan choisit de clore sa trilogie en renvoyant son héros à la case départ. Le cinéaste opta donc pour la force brute, symbolisée par un mercenaire aussi bodybuildé que dévoué à sa cause. Muni des mêmes armes que la chauve-souris, Bane laisse ici le masque mexicain des comic books au placard pour une apparence plus réaliste mais non moins dangereuse, fracturant le moindre obstacle sur son chemin – dont les vertèbres du Batman – tel un bulldozer humain. Sous la tenue du lutteur, Tom Hardy livre une performance phénoménale. L’acteur prend des airs de bête enragée et tire son épingle du jeu dans cette suite épique, où sa musculature impressionne autant qu’elle effraie.
4. Le Joker (Joker)

La tendance est aux spin-offs et autres essorages d’univers populaires. Il était donc à prévoir qu’un projet tel que Joker finisse par voir le jour, film relatant les débuts du plus connu des méchants de Batman. Todd Phillips prend la chose (très) au sérieux : il fait naître sa version du Joker au cœur d’un contexte politique et sociétal brûlant, justifiant ses névroses par le climat troublé qui l’entoure. Héritier de Travis Bickle et Rupert Pupkin (les antihéros respectifs de Taxi Driver et La Valse des Pantins, deux monuments scorsesiens), le personnage de Joaquin Phoenix s’éloigne des précédentes itérations et jouit des talents de son acteur, donc le corps marqué a séduit l’Académie des Oscars.
3. Le Joker (Batman)

Le film ne porte peut-être pas son nom, mais il en est la vedette. Et la prestation endiablée de Jack Nicholson n’est pas étrangère à ce résultat pour le moins explosif. En chaussettes bariolées, le comédien s’accapare toutes les scènes qu’il investit, y compris celles qui précèdent sa malheureuse chute dans un bain de produits chimiques. Tim Burton ose en effet conter la métamorphose du Joker et, plus risqué encore, lie le clown à la chauve-souris de Gotham par leurs origines respectives : l’un et l’autre sont responsables de leurs activités suspectes, la nuit venue. Le rire tétanisant de Nicholson couvre des cambriolages surréalistes, résumant parfaitement la nature comique, souvent délurée, de ce méchant culte.
2. Catwoman (Batman : Le défi)

La plus féline des ennemis de Batman partage avec lui son gout pour les activités nocturnes et les déguisements en cuir. Héroïne tragique dans toute sa splendeur, jetée par la fenêtre parce qu’elle en savait trop, la Catwoman de Burton prend sa revanche sur un monde résolument trop masculin et véreux dans Batman : Le défi. Son fouet et ses cabrioles lui servent à se libérer des cages qu’on lui impose à répétition, ses répliques à double-sens accentuent l’érotisme induit par le costume moulant, dont les coutures rappellent aussi bien le Frankenstein de James Whale qu’elles évoquent la vulnérabilité du personnage. Sous le masque, une Michelle Pfieffer sensible et indomptable.
1. Le Joker (The Dark Knight)

Balafres, peinture de guerre, cheveux longs : The Dark Knight présente un Joker qui na rien du méchant théâtral auquel nous ont habitué les comic books depuis des décennies. Pour cause, le thriller de Christopher Nolan prend la température de l’Amérique post-11 septembre et fait du clown un terroriste enragé, animé par l’amour de la zizanie. Heath Ledger, disparu derrière le texte et le maquillage, nourrit l’aspect ombrageux et machiavélique du personnage en l’affublant de tics et de gestes incontrôlés, le dos courbé, semant derrière lui cadavres et blagues macabres. Le Joker accomplit finalement le plus gros braquage du film en éclipsant Batman de sa propre aventure, chose que Nolan immortalise en un plan inoubliable : l’image d’un criminel hilare forçant la caméra à pivoter pour se mettre à son niveau.