Batman : le classement des vilains au cinéma [TOP]

Parmi les innombrables leçons qu’ont pu nous inculquer les histoires de la chauve-souris, il en est une qui sort du lot, tant elle fut affirmée à de multiples reprises, et particulièrement au cinéma : les antagonistes passionnent plus que le héros. Des propositions de Burton aux plus récentes, sordides mais plaisantes, Batman ne manque pas d’ennemis qui crèvent l’écran.
La sortie de Joker, sorte d’OVNI parmi les productions cinématographiques DC Comics, est une occasion idéale pour revenir sur les méchants les plus iconiques et percutants que le septième art ait pu porter.
10. Harley Quinn (Suicide Squad / Birds of Prey)

Suicide Squad, relecture osée de David Ayer, fut une expérience troublante, en particulier pour les dans du chevalier noir. Missionné de présenter – et trucider – une galerie de méchants cultes, le projet échoua à bien des niveaux. De ce fiasco général, un personnage put se frayer un chemin vers la lumière, entre deux mascarades : l’incorrigible Harley Quinn. Campée par la pétillante Margot Robbie, l’assistante du Joker (dont elle est éprise) se tient au premier plan et se présente comme l’atout phare du blockbuster malade. Au point de pleinement assumer son émancipation dans un film quasi-solo, Birds of Prey, qui atteste de l’investissement de Robbie et du potentiel délirant de son rôle.
9. Le Pingouin (Batman : Le défi)

Pour ses monstres, Tim Burton est allé jusqu’à délaisser le protagoniste éponyme. Dans Batman : Le défi, le réalisateur gothique conte les origines tragiques d’Oswald Cobblepot, rejeté par ses parents à la naissance du fait de sa difformité. Élevé par des manchots et se faisant appeler le Pingouin, il émerge des tréfonds de Gotham pour s’affirmer dans une société étriquée. Burton prend plaisir à mettre en scène ce personnage (dont il pourrait être le concepteur), incarné avec engouement par un Dany DeVito en grande forme. Avec son faciès atypique et ses accessoires excentriques, Cobblepot fait un vilain remarquable, en plus de correspondre aux standards du cinéaste qui l’emploie.
8. Ra’s Al Ghul (Batman Begins)

Batman renaît de ses cendres en 2005 dans le sobrement intitulé Batman Begins de Christopher Nolan. Comme pour mieux faire passer l’idée du reboot, le metteur en scène opte pour un grand méchant inédit. Et qui de plus adéquat pour lui donner consistance que le charismatique Liam Neeson, dont la carrière affiche un opus de Star Wars et La Liste de Schindler (qui lui vaudra une nomination à l’Oscar du meilleur acteur) ? Ami et mentor de Bruce Wayne durant une partie du récit, Ra’s Al Ghul se révèle être un adversaire de taille, habile et sage. Le constat est simple : sans lui, Batman n’existerait pas. Nolan greffe à son vilain des motivations radicales mais justifiées. Le personnage n’en est que plus crédible.
7. Catwoman (Batman : Le défi)

Succéder au Joker du précédent volet n’était pas chose aisée. Dans l’optique de tenir la comparaison, Tim Burton prit la décision de compter les antagonistes par trois. Batman : Le défi illustre ainsi les méfaits de Max Shreck, du Pingouin et de la flexible Catwoman. La plus féline des ennemis de Batman partage bien des choses avec celui-ci : outre leur goût pour la nuit, les deux forment un couple à la ville et sous le masque. Une relation alambiquée, qui ne limite cependant pas le rôle de Michelle Pfieffer à celui du love-interest. La Catwoman de Burton est maître du jeu, indépendante et indomptable, animée par sa vengeance sur un univers résolument trop masculin.
6. Double-Face (The Dark Knight)

Harvey Dent était le héros dont avait besoin Gotham, le chevalier blanc que Bruce Wayne attendait pour laisser son costume au placard, définitivement. Procureur droit et réputé, déterminé à sauver la ville de la vermine qui la ronge, il incarne une forme d’espoir aux yeux de ses concitoyens. Mais s’opposer au mal à un prix : Dent devient une cible prioritaire de la mafia locale, et surtout du Joker, qui se fait un malin plaisir à broyer ce qu’il aborde. Pris dans la lutte du clown et de la chauve-souris, Double-Face voit le jour, résultat d’un traumatisme psychologique et physique. Avec The Dark Knight, Christopher Nolan écrit la déchéance d’un symbole, lui qui aime tant en jouer.
5. Catwoman (The Dark Knight Rises)

À l’instar de Burton en 1992, Nolan cerne le personnage de Catwoman : femme fatale, étendard féministe et amante du super-héros. La modernisation et le réalisme désirés par le cinéaste font de Selina Kyle une experte en cambriolage et technologies, au casier si inconvenable que le personnage ne court qu’après un seul objectif : la rédemption. Si elle conserve son indémodable tenue moulante, telle Michelle Pfieffer, Anne Hataway donne vie à une Catwoman loin du kitsch amusant de Batman : Le défi. L’actrice apporte une dose non-négligeable de chaleur et malice à son personnage, pouvant tenir tête – sans effort – à Bruce Wayne. Sur le fil du rasoir, entre manipulation et valeurs morales, le vacillement de la voleuse attise la fascination.
4. Le Joker (Batman)

Le métrage dont il est issu a beau porter le nom du héros, la véritable star du film, c’est lui. Et la prestation de son interprète n’y est pas étrangère. Jack Nicholson était né pour jouer le Joker, pour animer l’ennemi juré de Batman, un personnage haut en couleur, et ici, plus théâtral que jamais. Tim Burton l’admire tellement, en est si fier, qu’il relaie le héros au rang de personnage secondaire, lui préférant les frasques endiablées de son opposant. Il faut avouer que Nicholson crève l’écran à un tel degré qu’il serait surprenant de ne pas lui accorder toute l’attention. Le réalisateur s’attarde audacieusement sur la métamorphose de Jack Napier en Joker, un terrain que peu d’artistes ont osé explorer.
3. Bane (The Dark Knight Rises)

La démarche de Christopher Nolan quant à la conclusion de sa trilogie super-héroïque était la suivante : confronter son protagoniste à une menace si brutale qu’elle le contraindrait à repartir de zéro. Pour ce faire, le scénario invoque Bane, un mercenaire sanguinaire et dévoué à sa cause. Muni (approximativement) des mêmes armes que le justicier, le chef de guerre est un adversaire massif, qui fracture le moindre obstacle se dressant sur son chemin. Derrière le masque, Tom Hardy, devenu une montagne de muscles depuis le tournage d’Inception. L’acteur croit en son rôle, sa performance est phénoménale. Aux airs de bête écervelée, Bane tire son épingle du jeu en se révélant être un meneur écrasant et terrifiant.
2. Le Joker (Joker)

La tendance est aux spin-offs et autres exploitations d’univers connus. Il était donc prévisible qu’un projet tel que Joker voit le jour, un film qui se pencherait exclusivement sur le clown le plus célèbre des comics. Todd Phillips, au scénario et à la mise en scène, invite à découvrir le passé du Joker et pose des mots sur ses différents traits, du rire aux tourments. Le prince du crime maintient son taux de bizarrerie, mais il gagne un bagage empathique important. Joaquin Phoenix se prend au jeu, fait passer dans ses gestes l’idée d’un homme maladroit et touchant, que la société rejette pour sa différence. Fraîche et politique, cette vision du personnage évite soigneusement la copie et contribue au mythe qui entoure ce dernier.
1. Le Joker (The Dark Knight)

Balafres, maquillage approximatif et cheveux longs : The Dark Knight présente un Joker qui n’a rien du méchant auquel nous habituent le papier et l’écran depuis des dizaines d’années. Pourtant, il s’agit-là de sa version la plus monstrueuse (dans tout ce que ça peut avoir de bon). Moteur du scénario et comic-relief, l’antagoniste transcende le cadre, s’étend jusqu’à noyer ce qui l’entoure. Heath Ledger ne se contente pas de jouer son texte, il se fond dans son rôle, s’efface complètement jusqu’à ce que ses traits ne soient plus discernables. Car le Joker est plus qu’un être de chair et de sang. Il est une ombre, aussi effroyable qu’attirante, qui n’a que pour seul amusement le chaos. Répliques, gestuelle, tics : l’ensemble est spontané, tangible. Ledger lègue ainsi une image inoubliable, celle d’un clown suspendu dans le vide riant des ténèbres qu’il a engendré.