Batman : le classement des vilains au cinéma [TOP]

Retour sur les plus grands ennemis du chevalier noir au cinéma.
Hitchcock évoquait en son temps l’importance du vilain dans toute fiction. Les histoires de la chauve-souris n’ont cessé d’approuver ses dires. Clowns, hommes-animaux, types givrés, mafias, lutteurs mexicains : voici notre classement des monstres de Gotham City.
Précision : les productions consacrées à Batman et son univers étant chose courante, l’article et le classement qu’il contient sont régulièrement mis à jour. Derniers ajouts en date : The Batman.
10. Harley Quinn (Suicide Squad / Birds of Prey / The Suicide Squad)

Depuis cette expérience troublante que fut Suicide Squad, en particulier pour les fans du chevalier noir, l’incorrigible Harley Quinn s’est frayé un chemin lumineux en tant qu’anti-héroïne. Campée par la pétillante Margot Robbie, l’ex-fiancée du Joker a pu faire des étincelles dans un film (quasi-)solo et un reboot réussi, incarnant à elle seule le pendant féministe de l’univers cinématographique DC entamé avec Man of Steel. Le rôle s’améliore d’ailleurs de suite en suite, toujours plus vêtue que chez David Ayer, comme un symbole de l’enrichissement du personnage et de son importance pour le studio, qui n’a pas hésité à en faire sa mascotte, et ce devant Wonder Woman.
9. Ra’s Al Ghul (Batman Begins)

Batman renaît de ses cendres en 2005, après deux nanars ayant enterré un moment sa carrière au cinéma, dans le sobrement nommé Batman Begins. Christopher Nolan introduit un méchant inédit à cette occasion, incarné par le charismatique Liam Neeson. Ami et mentor de Bruce Wayne durant une partie du récit (Neeson n’en est pas à son premier rôle de maître), avant de devenir son ennemi, Ra’s Al Ghul se révèle être un adversaire de taille, habile, sage et lié mythologiquement au super-héros. Sans lui, Batman n’existerait tout simplement pas. Le réalisateur greffe à son vilain des motivations radicales mais compréhensibles. Le méchant n’en est que plus crédible.
8. Le Pingouin (Batman : Le défi)

Pour la suite de Batman, Tim Burton multiplie les antagonistes. Il transforme la ville de Gotham en zoo à ciel ouvert, où déambulent chauve-souris, chat et pingouin en quête de reconnaissance. Baptisé Oswald Cobblepot, rejeté par ses parents à la naissance, ce drôle d’oiseau émerge des bas-fonds et tente de s’affirmer dans une société étriquée en visant le poste de maire. Burton prend plaisir à mettre en scène ce personnage baroque (dont il pourrait être le créateur), incarné par un Dany DeVito au sommet de son art. Avec son faciès insolite et ses accessoires excentriques, piqués au docteur Caligari, le Pingouin fait un vilain remarquable en plus de correspondre aux standards du cinéaste qui l’emploie.
7. Double-Face (The Dark Knight)

Avant de perdre la face (au sens littéral), Harvey Dent était le chevalier blanc que Bruce Wayne attendait pour ranger son costume de super-héros, définitivement. Procureur droit et réputé, déterminé à sauver la ville de la vermine qui la ronge, il symbolisai l’espoir aux yeux de ses concitoyens. C’est pourquoi la mafia en fait sa cible prioritaire et que le Joker prend un malin plaisir à le torturer, jusqu’à faire naître Double-Face. Moins excentrique que sa version comics, le personnage gagne en épaisseur chez Christopher Nolan, qui dans The Dark Knight écrit sa déchéance plutôt que de traiter sa folie schizophrène. Sa chute tragique (il était le héros dont avait besoin Gotham) est l’une des forces du long-métrage.
6. L’Homme-Mystère (The Batman)

Son incursion dans les salles obscures remonte à l’un des pires produits jamais conçu autour de la chauve-souris, où le plus grand détective du monde perdait de son aura terrifiante au profit d’un festival absurde et débilisant. Depuis Batman Forever, dans lequel Jim Carrey lui prêtait ses grimaces, l’Homme-Mystère a fait peau neuve. Matt Reeves, dans son radical The Batman, en fait un tueur cinglé et psychotique, de la trempe du Zodiaque. Mais ce qui rend le méchant d’autant plus juste, outre la plâtrée de thématiques politiques que son existence soulève, c’est sa liaison substantielle avec le Batman de Robert Pattinson. L’un et l’autre se reflètent, des origines aux motivations : deux faces d’une justice façon vigilante, née dans la pénombre.
5. Bane (The Dark Knight Rises)

Pour clore sa trilogie consacrée à la chauve-souris, Christopher Nolan fit le choix d’un antagoniste si brutal qu’il contraindrait notre héros à repartir de zéro. Pour se faire, il sélectionne Bane, un mercenaire sanguinaire et dévoué à sa cause. Muni approximativement des mêmes armes que le justicier, celui-ci a lâché le masque mexicain des comic books pour une carrure plus réaliste mais non moins dangereuse et massive, fracturant le moindre obstacle sur son chemin – le dos de Batman, par exemple. Sous la tenue de lutteur, Tom Hardy livre une performance phénoménale. Aux airs de bête enragée, l’acteur tire son épingle du jeu en interprétant un meneur écrasant et terrifiant.
4. Le Joker (Joker)

La tendance est aux spin-offs et autres essorages d’univers populaires. Il était donc à prévoir qu’un projet tel que Joker voit le jour, film relatant les débuts du plus connu des méchants de Batman. Todd Phillips prend la chose (très) au sérieux : il fait naître sa version du Joker au cœur d’un contexte politique et sociétal brûlant, justifiant ses névroses par le climat troublé qui l’entoure. Indéniable héritier de Travis Bickle et Rupert Pupkin (les antihéros respectifs de Taxi Driver et La Valse des Pantins, deux monuments scorsesiens), le personnage de Joaquin Phoenix s’éloigne des précédentes itérations et jouit des talents de son acteur, donc le corps marqué est un argument de taille pour cette prestation récompensée aux Oscars.
3. Le Joker (Batman)

Le film ne porte pas son nom, mais il en est la vedette. Et la prestation endiablée de Jack Nicholson n’est pas étrangère à ce résultat explosif. En chaussettes bariolées, l’acteur s’accapare toutes les scènes qu’il investit, un grand sourire fixé sur son visage déformé par un bain de produits chimiques. Tim Burton ose dépeindre sa terrible métamorphose et, plus risqué encore, lie le clown et la chauve-souris de Gotham par leurs origines respectives : l’un et l’autre sont responsables de leurs activités suspectes et costumées, la nuit venue. Le rire tétanisant de ce Joker couvre des cambriolages surréalistes, résumant bien la nature comique, souvent délurée, de ce méchant culte.
2. Catwoman (Batman : Le défi)

La plus féline des ennemis de Batman partage avec lui son gout pour les activités nocturnes et les déguisements en cuir. Héroïne tragique dans toute sa splendeur, jetée par la fenêtre parce qu’elle en savait trop, la Catwoman de Burton prend sa revanche sur un monde résolument trop masculin et véreux dans Batman : Le défi. Son fouet et ses cabrioles lui servent à se libérer des cages qu’on lui impose à répétition, ses répliques à double-sens accentuent l’érotisme induit par le costume moulant, dont les coutures rappellent aussi bien le Frankenstein de James Whale qu’elles évoquent la vulnérabilité du personnage. Sous le masque, une Michelle Pfieffer sensible et indomptable.
1. Le Joker (The Dark Knight)

Balafres, maquillage approximatif et cheveux longs : The Dark Knight présente un Joker qui n’a rien du méchant auquel nous habituent le papier et la pellicule depuis des dizaines d’années. Moteur du scénario et comic-relief macabre, le prince du crime transcende le cadre sans effort, jusqu’à noyer décors et interlocuteurs. Heath Ledger, disparu derrière le texte et la performance, alimente la dimension ombrageuse et machiavélique du Joker, écho – tout comme le blockbuster dont il est tiré – d’un 11 septembre ayant altéré la face de l’Amérique. Monstrueuse, imprévisible et éloquente, la version nolanienne met à mal les idéaux du chevalier noir en bousculant l’ordre établi, assumant de fait son statut d’élément perturbateur qui lui va si bien. Ledger lègue ainsi l’image inoubliable d’un clown suspendu dans le vide, vainqueur hilare condamnant le monde à l’obscurité.