The Batman, The Suicide Squad, Snyder Cut : que retenir du DC FanDome ?

En l’absence du Comic Con de San Diego, Warner Bros et DC se payent une honnête compensation : le DC FanDome, une émission entière consacrée au studio.
Jeux vidéo, longs-métrages, séries télévisées : au cours de ses huit heures de diffusion consécutives, le DC FanDome a multiplié les annonces concernant le futur de la maison DC au cinéma. Retour sur les déclarations les plus affriolantes de l’événement, celles qui pourraient bien faire reculer la concurrence.
Wonder Woman 1984

Le blockbuster de Patty Jenkins a davantage exposé son intrigue. Passé l’échange chaleureux du casting et l’euphorie engendrée par ces retrouvailles, le salon Wonder Woman 1984 s’est recentré autour d’un trailer généreux, étonnamment plus sérieux et percutant que le précédent. L’atmosphère 80’s perdure et semble être un axe primordial du long-métrage, perceptible – et cela n’a rien d’étonnant – dans le choix des couleurs et costumes, ici sources d’humour. Mais cette fois-ci, les synthétiseurs calment leurs envolées, la jovialité s’est tarie. Les enjeux se concrétisent, s’épaississent. Moins de Pedro Pascal – sa performance promet d’être jubilatoire –, plus de Kristen Wiig, dont l’apparence et les capacités se dévoilent officiellement. Le combat de l’Amazone et Cheetah se dessine avec intensité, bien que le cadre n’offre (pour l’instant) rien de particulièrement réjouissant. Jusqu’ici, la promotion s’est appliquée à reconstituer le parcours de la super-héroïne via l’usage de scènes parallèles (artifice également observé chez Captain Marvel). Indice de taille concernant l’éventualité d’un retour dans le passé, à l’époque où Diana grandissait paisiblement sur l’île de Themyscira. Des années plus tard, la voilà en proie aux chimères d’une décennie hors normes.
The Flash

Il lui aura fallu passer entre les mains de Shawn Levy, David S. Goyer et Robert Zemeckis pour que The Flash trouve sa voie. Finalement confié à Andy Muschietti, le projet alimentait (et alimente encore) les rumeurs quant à sa trame, que l’on sait portée sur le multivers – concept métaphysique à base de dimensions alternatives. L’information capitale n’aura attendu le panel dédié pour bousculer les internautes : Ben Affleck fera son retour sous le masque de Batman, alors allié à Barry Allen dans son aventure foudroyante. À en croire les fréquents bruits de couloir et autres dessins préparatoires (rendus publics), l’éclair rouge croisera les doublons de temporalités étrangères, notamment le fantastique Batman de Tim Burton, incarné par Michael Keaton dans Batman (1989) et Batman, le défi (1992). Le film compterait donc deux chevaliers noirs, diamétralement opposés, symboles et extrémités du mythe. La place de chacun demeure mystérieuse, bien que l’importance émotionnelle du « Batfleck » fut évoquée par la production – du fait que Wayne comme Allen ait vécu un drame sensiblement identique. Collaboration ou tension, l’interaction pourrait être l’ingrédient le plus savoureux de cette odyssée à travers le temps et l’espace, qui permettra à Ezra Miller d’arborer un costume flambant neuf.
The Suicide Squad

Récupéré habilement par Warner Bros après que Disney l’ait sauvagement rejeté, James Gunn s’affaire depuis quelques temps à construire The Suicide Squad. Suite officieuse du long-métrage de David Ayer – dont le souvenir ne comporte aucune particule agréable –, le film poursuit tranquillement sa gestation dans une bonne humeur communicative, ce qui ne l’empêche pas de divulguer quelques informations élémentaires. Dans un défilement animé, le casting gonfle les muscles, exhibe tenues moulantes et armes démesurées. Un seul regard sur l’apparat, et l’esprit tordu de Gunn se devine, à travers les vestes bariolées et ce choix improbable de seconds couteaux. The Suicide Squad s’offre également – il s’agit-là de son cadeau le plus conséquent – un making-of explosif, entrecoupé de plans finalisés, où l’escouade s’agite et scande ses cris de guerre. La grande interrogation demeure celle du ton, que l’on suppose délirant, et qui définira la proximité avec le résultat hybride de 2016.
Zack Snyder’s Justice League

Faisant suite à des mois (années ?) de bataille, à coups de tweets et pétitions, l’officialisation de la Snyder Cut (prévue sur la plateforme de streaming HBO Max) fut une délivrance pour son auteur originel, Zack Snyder. De nouveau aux commandes du blockbuster, fier (à raison) de pouvoir manœuvrer son œuvre vers ses directions primaires, le cinéaste n’a jamais caché sa joie de partager avec l’audience sa vision de l’univers DC. Et malgré son militantisme et les annonces conséquentes de Warner Bros, aucune information ne fut aussi catégorique et absolue que le trailer de Justice League (version 2021, donc). Alignement de séquences inédites, glissant l’idée que des pans narratifs entiers restent à découvrir, accompagné du chant suave de Leonard Cohen (clin d’œil à Watchmen), l’extrait promotionnel fait de l’inédit son argument principal. Le costume noir de Superman (terriblement iconique), les origines de Cyborg et la romance de Flash sont des pistes – parmi tant d’autres – que la Snyder Cut exploitera, à la différence du produit signé Whedon. En quelques secondes, la notion de fresque super-héroïque prend forme, balaye l’épure déficiente de 2017, génère le frisson. Les images ont terni, raccordées à l’apocalypse qui menace l’équipe et l’on se surprend à fantasmer un film promis il y a alors trois ans. Point non-négligeable, la question du format tient sa réponse : quatre heures de contenu, réparties en quatre épisodes.
Black Adam

Le DC FanDome fut l’occasion pour le studio de mettre en lumière ses futurs enfants. Timide, malgré la présence de Dwayne « The Rock » Johnson au casting, Black Adam n’avait laissé transparaître que peu de données. Discrétion largement compensée par le panel consacré au long-métrage dirigé par Jaume Collet-Serra (The Shallows), présenté par l’ex-catcheur lui-même. Confiant et visiblement investi, l’acteur a conté l’histoire de son personnage, anti-héros aux pouvoirs divins, et n’a pas manqué de chatouiller la curiosité des amateurs de comics, évoquant un potentiel affrontement avec Superman. Plus impressionnant encore : les dires de Johnson indiquent que la Justice Society of America (qui apparaîtra dans le film prévu pour fin 2021) croisera le fer avec Batman, Aquaman et compères. Simple blague ou réelle publicité ? Le score financier décidera (ou non) les producteurs à lancer les hostilités. Quoi qu’il en soit, à en juger par ses illustrations, Black Adam proposera de l’action démesurée à travers les millénaires, soutenue par le charisme sans faille de la vedette de Jumanji et Fast & Furious. Et ça, c’est fort.
The Batman

Son super-pouvoir est sa capacité à endurer.
Matt Reeves, réalisateur de The Batman
Miracle à Gotham ! Matt Reeves investit la ville fictive de Batman, sur les traces de Burton, Nolan et Snyder. Après un (très court) teaser et une poignée de clichés promotionnels, The Batman jouit désormais d’une bande-annonce en bonne et due forme, bourrée d’indices pour assimiler la démarche du réalisateur. Robert Pattinson apparaît – pour la première fois de façon officielle – sous les traits d’un Bruce Wayne rongé par la mort de ses parents, défiguré par la dépression, marqué par les débuts de sa croisade contre le crime. « The Batman n’est pas une origin story », précise le metteur en scène. Il confie que son protagoniste, en plein apprentissage, tirera des leçons de ses échecs pour devenir le meilleur Batman. Les intentions de Reeves ne sont dissimulées : creuser la schizophrénie du protagoniste, jouant du parallèle entre le super-héros (aux accents psychopathes) et les monstres qu’il combat. Sa pellicule est terne, poussiéreuse, adaptée à une cité gothique, poisseuse et gangrenée par la criminalité. Point de variables surnaturelles à l’horizon : l’approche évoque le réalisme appliqué de Christopher Nolan et l’angle glacial de David Fincher, tandis que Taxi Driver et Chinatown sont cités oralement par le cinéaste, décidé à épouser le versant détective du super-héros (que l’on sait délaissé par ses prédécesseurs). Haine et vengeance servent de repères, discernables sous les masques, jalonnant la bande-annonce. La caméra s’oriente, en amont, vers la genèse du bestiaire gothamien, révélant ses figures cultes à l’état d’ébauche. Catwoman, Gordon et l’Homme-Mystère déambulent furtivement, le temps d’imprégner l’imaginaire des impatients. Le trailer, d’une efficacité ahurissante, indique sans ambiguïté la méthodologie minutieusement morose qu’embrasse le réalisateur de La Planète des singes. Par ailleurs, Warner Bros joue la carte de la transparence : The Batman (et séries télévisées analogues) évoluera hors-continuité, à l’instar de la trilogie du Dark Knight.