Les meilleurs films de 2021 [TOP]

Des cœurs brisés, de l’animation vertigineuse, des super-héros, du streaming, des rires jaunes, des sueurs froides, des conflits de tous horizons : 2021 aura été une année de cinéma intense, surprenante, mouvementée.
Voici notre sélection des dix meilleurs longs-métrages (et quelques mentions honorables) sortis dans les salles obscures, sur les plateformes ou directement dans les bacs à DVD.
LE TOP DE JACK :
Mentions honorables
- Le Sommet des Dieux, de Patrick Imbert
- Memoria, de Apichatpong Weerasethakul
- Les Mitchell contre les machines, de Michael Rianda et Jeff Rowe
10. Le Dernier Duel, de Ridley Scott

Prolifique comme à ses débuts, Ridley Scott met en scène l’histoire (vraie) du dernier duel judiciaire. Son subtilement nommé Le Dernier Duel nous ramène à la France médiévale, à ses chevaliers balafrés, à ses lacs de boue où tout se règle par l’épée. Un retour au passé qui lui donne de quoi cruellement trucider notre époque. C’est dans le prolongement thématique d’Alien et Thelma et Louise que Scott relate (selon les lois de Rashōmon) l’histoire d’une femme victime de son environnement. Et si le metteur en scène met du cœur à l’ouvrage pour dépeindre la barbarie d’antan, il n’est jamais aussi persuasif que lorsqu’il cadre les yeux humides de son actrice principale, Jodie Comer.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
9. The Father, de Florian Zeller

Pour son drame familial et psychologique, adaptation de sa propre pièce de théâtre, le cinéaste français Florian Zeller va au-delà de l’illustration. Il utilise dans The Father toute la grammaire cinématographique pour que la charge de la maladie gagne autant le spectateur que ce cher Anthony Hopkins (récompensé aux Oscars), glissé dans les chaussons d’un senior qui perd pied. Ses confusion de l’espace, du temps et des visages sont intelligemment communiquées par la mise en scène et le découpage, mais aussi soulignées par un acteur principal en pleine conscience de sa vieillesse et une pléiade de comédiens talentueux – Olivia Colman en tête de liste.
8. Zack Snyder’s Justice League, de Zack Snyder

Adieu introduction au smartphone, moustache effacée et humour de gosse : la suite tant attendue de Batman v Superman est là, restituée dans tout son épique, toute sa densité. Si le blockbuster ressuscité de Zack Snyder en est un symbole évident, sa version de Justice League est un grand spectacle empli d’espoir. Pas seulement pour ce qu’elle incarne dans le paysage des productions de capes et collants, mais aussi car elle ne se refuse aucune perspective d’avenir et sème ses graines sans se soucier, laissant ses héros – des dieux en quête de sens et de solutions – scruter l’horizon. Une adaptation de comic books ambitieuse, frôlant l’implosion, que nul autre n’aurait pu faire. Un film de super-héros par un super-fan.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
7. First Cow, de Kelly Reichardt

Histoire d’une Amérique crasse – mais déjà berceau des rêveurs –, d’une amitié évidente et de beignets, First Cow brille tout d’abord par sa simplicité d’exécution. La réalisatrice Kelly Reichardt met au point un western (qui n’en a pas l’air) où chaque séquence se veut d’une limpidité absolue, où chaque action naît d’une spontanéité désarmante. Son long-métrage s’affranchit de grandeur, flirte joliment avec le buddy movie, calque son rythme à celui de la nature et maintient la violence hors-champ. Elle y fait évoluer de beaux et minuscules personnages, deux types lucides et habités par l’esprit d’entreprise, moins bagarreurs que Wayne et Eastwood et dont la marginalité fait tout le charme.
6. The Card Counter, de Paul Schrader

Dans son dernier film, Paul Schrader troque le cheminement convenu de la rédemption pour l’expiation. Le scénariste de Taxi Driver, ami de Martin Scorsese (à la production), colle au train d’un ancien soldat et joueur de poker invétéré, hanté par les horreurs de son passé, et conte sa lutte avec ses démons intérieurs. Tendu, The Card Counter est un thriller dans la veine des précédentes histoires de Schrader, parcouru d’hommes obsédés, mis en scène avec précision et impérialement soutenu par la prestation d’Oscar Isaac. Mutique, félin, l’acteur croise l’un de ses grands rôles, à l’opposé du paternel réconfortant qu’il campait quelques mois plus tôt dans Dune.
5. Bo Burnham : Inside, de Bo Burnham

Si le projet de Bo Burnham encapsule les crises internes et externes liées à la pandémie récente, il interroge également sur la forme que peut tenir un long-métrage. À la croisée du sketch de stand-up et du huis clos psychologique, Inside est une bombe de créativité. L’humoriste ressasse son mal-être en chanson, se sert d’une simple caméra et d’une batterie d’éclairages pour reconfigurer l’espace, moquer les géants de ce monde, Internet ou sa propre mère. Une narration distordue mais in fine cohérente, une mise en scène se renouvelant toutes les deux minutes, un regard malin sur l’isolement : Inside est plus qu’un exercice de style délirant, c’est un cri du cœur.
4. Annette, de Leos Carax

Il aura fallu une décennie à Leos Carax pour mijoter son nouveau tour musical, Annette. Pour celui-ci, Adam Driver et Marion Cotillard poussent la chansonnette dans le costume d’un couple glamour et sur-médiatisé. Leur relation, partagée entre narcissisme et arrogance, est le tronc d’un long-métrage aux aspects de feu d’artifice émotionnel, qui dilate tout sentiment et en imprègne chaque centimètre de pellicule. Annette n’est que férocité, un objet de cinéma qui hurle et brosse l’histoire d’un amour déchu à la lisière du fantastique, Carax ayant recourt au spectaculaire, au guignolesque et à la citation dans ce pamphlet attaquant de front la célébrité.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
3. Drive My Car, de Ryūsuke Hamaguchi

Sur combien de kilomètres se traîne le chagrin ? Ryūsuke Hamaguchi tente d’y répondre avec Drive My Car, dans lequel l’auteur japonais se penche sur le cas d’un metteur en scène dont la vie bascule précipitamment. S’il paraît se construire, à première vue, dans le périmètre restreint d’une chambre conjugale – ce que suggère son introduction et l’intimité qui en émane –, le récit est en définitive celui d’une ouverture sur le monde. En trois heures, sans perdre de vue son protagoniste et sa lente thérapie, le film se divise en micro-histoires et paraît suspendre le temps à chaque rencontre, chaque trajet. La virée, fresque à hauteur d’homme d’une délicatesse à peine croyable, tend constamment au sublime.
2. Dune, de Denis Villeneuve

Jugé inadaptable depuis des lustres, passé entre les mains de Jodorowsky, Scott et Lynch, le bouquin de Franck Herbert semblait destiné à n’être qu’un fantasme de cinéma. Jusqu’à ce que l’on propose à Denis Villeneuve, suite à un premier miracle (une suite inespérée à Blade Runner), de concrétiser l’adaptation de Dune. Scrupuleux, le cinéaste canadien plante au travers de cette première partie les graines d’une odyssée de l’espace épique. Conflits politiques et économiques, héritage et prophétie : comme La Communauté de l’anneau en son temps, le blockbuster passe en revue l’essentiel pour propulser ses suites. Un chapitre de science-fiction historique, bavard et démesuré, qui tend à rivaliser sur le long terme avec la saga de George Lucas.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
1. Julie (en 12 chapitres), de Joachim Trier

Certains metteurs en scène passent leur carrière à reconstituer le quotidien sur un plateau de cinéma, sans même y parvenir. En douze étapes cruciales dans la vie d’une trentenaire, Joachim Trier capture douze vérités, celles d’une existence de coup(s) de foudre, d’hallucinations, de plaies, de contradictions, d’éclats de rire. Julie (en 12 chapitres) est une œuvre solaire, authentique, criante de vérité, dans l’ère du temps, que Renate Reinsve (récompensée du prix d’interprétation féminine à Cannes) parcourt avec un sourire contagieux. Et même s’il se résout à la sobriété pour illustrer le chemin de la jeune femme, Trier s’octroie quelques instants de mise en scène palpitants.