Les meilleurs films de 2020 [TOP]

Année de cinéma singulière, du fait d’un contexte ennuyeux, 2020 appartient désormais au passé. Voici nos films favoris, gratifiés des salles ou des plateformes de streaming, miraculeux dans tous les cas.
Mentions honorables
- Dark Waters : moins esthète qu’à l’accoutumée, ouvertement documentariste, Todd Haynes livre un biopic aux allures de thriller politique, engagé contre un système vénéneux.
- La dernière vie de Simon : à rapprocher des productions Amblin, auxquels il emprunte le merveilleux enfantin, la promesse d’un renouveau pour le cinéma français, à qui le fantastique va si bien.
- The King of Staten Island : Neverland troqué contre un coin de New-York, les sketchs de Judd Apatow cachent – sous leur apparence de comédie grasse – le parcours d’un fils en (dé)construction.
10. L’Adieu

La ligne de départ prête à sourire, car ponctuée de maladresses innocentes et confusions gaies, mais Lulu Wang ne tarde pas à colmater la douceur ambiante par la sensibilité troublante de ses personnages, endeuillés par anticipation. Mi-drame familial, mi-plaisanterie sociétale, L’Adieu creuse le fossé des cultures, la peine du déracinement et la tendresse de souvenirs communs, seuls liens entre des générations éparpillées par les années et les kilomètres. Des doubles-sens à profusion, maquillés par les traditions ou nourris par l’errance, et une émotion béante accompagnent cette perle cinématographique raffinée et considérablement moderne.
9. Light of my Life

Probablement inspiré par l’expérience A Ghost Story, narration du parcours spirituel d’un revenant par le biais de diapositives, Casey Affleck porte Light of my Life. Usant du même procédé de mise en scène, refusant le mouvement et plaçant le cadrage comme artifice primordial, le réalisateur (et acteur) fait disparaître les femmes d’un monde apocalyptique et se vêt en père vagabond et protecteur, traînant sa fille à travers une Amérique décomposée. Sorte de The Last of Us naturaliste, le long-métrage est aventure initiatique et récit paternel bouleversant, sillonné d’intentions strictement intimes et minimalistes. Sa plus grande force.
8. Madre

Prolongement d’un court-métrage éreintant – devenu premier segment du long-métrage – où le sol se dérobe sous les pieds d’une mère, Madre explore les errements d’une femme amoureuse d’un fantôme : celui de son fils, disparu dix ans plus tôt. Les focales de Sorogoyen, lorgnant du côté de Malick, étoffent la relation ambiguë d’un parent d’hier et d’un adulte de demain, liaison aux contours volontairement floutés. Serti de plans-séquences intenses, desquels la détresse émane somptueusement, le drame anatomise les nuances du deuil et de la maternité, à fleur de peau. La plage y fait figure de purgatoire sentimental.
7. Play

Le found-footage a quelque peu déserté les salles de cinéma, après le raz-de-marée fumeux que provoqua Paranormal Activity et ses incalculables progénitures horrifiques. Anthony Marciano s’empare du principe de mémoire imprimée sur pellicule (ou carte SD), laissant ses objectifs à un enfant en pleine croissance. Play se veut catalogue d’instants, d’exclamations juvéniles, de faux pas saugrenus, de romances esquissées, que le montage, plus malin qu’il n’y paraît, joint précisément. Dans le flot d’images, le réalisateur touche à l’universalité de l’amitié, de l’amour, de la jeunesse, s’armant de fait d’un important capital émotion.
6. Uncut Gems

Cavale nocturne et néoneuse au son des synthétiseurs, Good Time indiqua sans équivoque qu’il fallait suivre les frères Safdie de (très) près. Leur retour à la caméra n’a fait que corroborer l’information. Le tandem replonge dans la cité new-yorkaise, transmuée en machine infernale et cacophonique, et livre une implacable ode au suspens sous couvert de thriller viscéral. Ses rouages oppressants, Uncut Gems agit telle une déflagration : la brûlure suit la lumière et la chaleur. Pour Adam Sandler, l’opportunité de sémillantes étincelles en parieur obsédé, embringué dans des affaires tranchantes et criardes. Étouffant, c’est le mot.
5. Mank

Un hiatus de six ans et une poignée de programmes Netflix plus tard, David Fincher concrétise un projet de longue date : adapter les écrits de son père, scénario retraçant la gestation du chef d’œuvre Citizen Kane. Enrobé d’un noir et blanc onctueux, volonté parmi d’autres de renouer avec le grain de l’âge d’or hollywoodien, Mank joue la carte du réquisitoire enflammé, à l’opposé absolu du (très) nostalgique Once Upon a Time… in Hollywood. Sous les traits d’un auteur à contre-courant, Gary Oldman débite données politiques et sarcasmes taquins dans une curieuse, passionnante et sulfureuse ovation aux scénaristes, par celui qui n’a jamais rédigé.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
4. Tenet

Placardé comme « le film qui allait sauver le cinéma », l’industrie alors plongée dans un contexte malheureux, Tenet voit son auteur brandir ses jouets sur un terrain de jeu plus vaste que jamais, repoussant les limites narratives et techniques de son cinéma. Christopher Nolan propose sa version officieuse de James Bond, blockbuster d’espionnage bondissant d’un continent à l’autre, emmêlé dans les directives du voyage temporel et les codes désuets (mais charmants) du genre. Pari visuel réussi, dénué de dialogues encyclopédiques habituels, le film déstabilise puis fascine, à l’instar d’une grande attraction vertigineuse qui viserait à nous remplir la tête, à défaut de la vider.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
3. Soul

Là-haut, Coco, En Avant, désormais Soul : Pixar entretient une belle relation avec la mortalité et le deuil, comme si le thème (et ce qu’il suppose) figurait au cœur de la formule. Avec la même opiniâtreté que Vice-Versa (déjà signé Pete Docter), ambitieuse tentative de traduire l’intraduisible, l’écurie Pixar s’accoude à l’au-delà. Attestation de la toute-puissance du studio, en mesure d’exposer concepts indéchiffrables et quantiques en toute simplicité, jalonnés d’éclats esthétiques loquaces, Soul – tristement privé d’une sortie en salles – siffle joyeusement la mélodie du bonheur. De quoi cogiter quant à l’existence et son but, se remémorer que le plaisir peut résider en d’anodines occasions.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
2. Drunk

Face au calvaire engorgé d’une bande d’amis décidée à embrasser l’éthylisme, difficile de ne pas évoquer la fournée de comédies basées sur d’abusives festivités – dont les américains raffolent. Chez Vinterberg, l’aventure alcoolique prend la tournure d’une expérience sociale. Si le réalisateur du renversant La Chasse ne renie la variable hilarante du processus, il la complète d’un sondage sociétal juste, aucunement moralisateur ou enjoliveur, dessinant le portrait d’un Danemark amoureux de la boisson. Pas d’ode à la déchéance, donc, mais bien à la joie du laisser-aller, à l’extase de se retrouver. Le souffle positif et le drame cuisant trinquent ensemble.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
1. 1917

Délimités par les décombres d’un conflit sans horizons, martelés par les cliquetis d’un compte à rebours crucial, les pas de jeunes soldats britanniques sont sujets d’un monstrueux plan-séquence. Inspiré du travail sensoriel de Nolan sur Dunkerque, sa technique au service d’un périple impossible et gracieux – en dépit des gravas environnants –, le cinéaste associe l’immersion du mouvement continu à une émotion pudique, si bien que 1917 invoque par intermittence, et une maîtrise irréductible, le tapage dantesque des détonations et la poésie délicate d’une silhouette. Quinze ans après Jarhead, premier film de guerre du metteur en scène, celui-ci livre un morceau de cinéma divinement époustouflant.
Vous pouvez retrouver la critique du film ici.
Les meilleurs films de 2020, par Julie :
10. Jojo Rabbit
9. Été 85
8. En Avant
7. Les Enfants du temps
6. Dark Waters
5. Madre
4. Play
3. Soul
2. Drunk
1. 1917